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Road-trip en Bretagne : les immanquables

  • Lavoyageusebruchoise
  • 24 juil.
  • 29 min de lecture

Aujourd’hui, je t’emmène en road-trip en Bretagne, une région à la fois sauvage et mystique, où chaque détour de sentier cache un trésor et où les pierres, les vents et les embruns racontent des histoires venues d’un autre temps.


Ce voyage est une invitation à explorer les immanquables de la Bretagne, ces lieux incontournables qui révèlent l’âme profonde de cette terre fière.


Falaises sculptées par l’océan, villages de granit, mégalithes énigmatiques, abbayes perchées, chapelles oubliées, criques aux eaux translucides… la Bretagne est un monde en soi. Une région où l’on passe, en quelques kilomètres, d’un chaos rocheux à une forêt chargée de mystères, d’un petit port animé à une lande battue par les vents.



Habitée depuis la Préhistoire, la Bretagne est riche d’un patrimoine millénaire. Les alignements de Carnac, vieux de plus de 6 000 ans, témoignent d’une culture aussi ancienne qu’intrigante. Au fil des siècles, la péninsule armoricaine fut tour à tour terre celte, royaume breton, duché indépendant, avant d’être rattachée à la France au XVIe siècle. Elle a su préserver son identité, sa langue, ses traditions et ses légendes.


Le Moyen Âge lui a légué des merveilles uniques : les enclos paroissiaux, chefs-d’œuvre d’art religieux breton, où l’on contemple calvaires, ossuaires et églises sculptées comme des livres d’images. Et puis il y a les cités de caractère, les caps aux airs de bout du monde, les sentiers douaniers à flanc de falaise, les phares battus par les vents…


Ce road-trip de 12 jours t’emmène à la rencontre de cette Bretagne incontournable, entre grands classiques et coups de cœur confidentiels. De la côte de granit rose à Belle-Île-en-Mer, des villages perchés aux alignements sacrés, tu découvriras des sites chargés d’histoire, des paysages à couper le souffle et des expériences authentiques.


Au fil des étapes, je te partagerai des conseils pratiques et des bonnes adresses testées pour que toi aussi, tu puisses préparer ton propre itinéraire en toute confiance.

Alors, prêt(e) à découvrir les immanquables de la Bretagne ? Attache ta ceinture, on prend la route !


Jour 1 – Chartres, une belle halte historique

Notre road-trip vers la Bretagne commence à l’aube, direction Chartres, porte d’entrée symbolique vers l’ouest de la France. Après un peu plus de six heures de route depuis l’Alsace, j’arrive en début d’après-midi sous un ciel clair, accueillis par la silhouette majestueuse de la cathédrale qui se détache sur la ville.


Chartres n’est pas encore la Bretagne, bien sûr. Mais elle offre une entrée en matière parfaite : une ville d’histoire, avec un patrimoine exceptionnel. C’est aussi une halte apaisante avant d’entamer la traversée vers les terres granitiques de l’Armorique.


Pour le déjeuner, nous avons opté pour Le Comptoir de Sarah, une adresse chaleureuse à deux pas de la cathédrale. La carte est courte, les produits frais et la cuisine délicate. Parfait pour reprendre des forces après la route, dans un cadre cosy et accueillant - tout ce que j’aime !


La cathédrale Notre-Dame de Chartres

Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la cathédrale Notre-Dame de Chartres est l’un des plus remarquables exemples d’architecture gothique en Europe — et à elle seule, elle justifie un détour. Sa silhouette domine la ville depuis des siècles, visible à des kilomètres à la ronde et c’est en approchant lentement qu’on en mesure toute la majesté.


L’édifice actuel a été construit à partir de 1194, après un incendie qui détruisit une grande partie de la cathédrale romane précédente. Fait exceptionnel pour l’époque : les travaux furent menés avec une rapidité et une cohérence étonnantes, ce qui explique l’harmonie parfaite de son style. En à peine 30 ans, la quasi-totalité du chantier fut achevée, ce qui confère à Chartres une unité architecturale rare.


La cathédrale s’élève sur un site sacré depuis des millénaires. Bien avant l’arrivée du christianisme, un lieu de culte druidique s’y trouvait. Une légende raconte même qu’un puits sacré existait sous la crypte actuelle. Ce lien entre le spirituel ancien et le culte chrétien donne à l’édifice une dimension presque mystique.


À l’intérieur, ce qui frappe immédiatement, c’est la lumière. Les vitraux, dont certains datent du XIIe siècle, forment l’un des ensembles les plus complets et les mieux conservés du Moyen Âge. On y lit la Bible en images, scène après scène, avec des détails d’une finesse incroyable. Le fameux "bleu de Chartres", profond et lumineux à la fois, teinte la nef d’une atmosphère apaisante, presque surnaturelle.



J’ai particulièrement aimé le labyrinthe au sol, vestige d’un symbolisme médiéval où chaque pas évoque une quête intérieure. Au Moyen Âge, les pèlerins qui ne pouvaient se rendre à Jérusalem ou Saint-Jacques-de-Compostelle suivaient ce tracé à genoux, en prière, comme un pèlerinage intérieur. Aujourd’hui, le labyrinthe n’est visible en entier qu’un jour par semaine - souvent le vendredi - car des chaises le recouvrent le reste du temps.


💡Le savais-tu ?

Chartres est depuis des siècles un haut lieu de pèlerinage marial. La cathédrale abrite une relique rare : le voile de la Vierge Marie, rapporté de Terre Sainte au IXe siècle. Ce tissu sacré a contribué à faire de Chartres un centre spirituel majeur au Moyen Âge.


💡 Infos pratiques

La cathédrale est ouverte tous les jours de 8h30 à 19h30. L’entrée à la nef est gratuite. La visite de la crypte (la plus vaste de France) est payante, uniquement avec guide.

→ Plus d’infos ici


Si tu en as la possibilité, je te conseille vivement une visite guidée ou l’audioguide disponible à l’entrée, pour mieux comprendre la richesse iconographique et l’histoire sacrée du lieu.


Maison Picassiette, une parenthèse poétique

Juste à quelques minutes à pied de la cathédrale, je me rends à la Maison Picassiette, une œuvre d’art naïf hors du commun. Construite et décorée par Raymond Isidore, ouvrier municipal, cette maison est entièrement recouverte — murs, sols, meubles et jardin — de mosaïques réalisées à partir de 4 millions de débris de vaisselle, accumulés pendant plus de trente ans.


L’intérieur révèle des fresques délicates : Mont‑Saint‑Michel, scènes pastorales, portraits de Chartres, le tout en mosaïque colorée. Labellisée “architecture contemporaine remarquable” en 2017, cette maison-musée fascine par sa capacité à transformer un objet jeté en pure beauté.



Pour cette première étape, j’ai choisi de loger au Novotel Chartres, situé à 5 minutes du centre historique. L’hôtel, moderne et bien entretenu, propose des chambres spacieuses, une literie très confortable, la climatisation (appréciable en été) et un parking gratuit. Le petit déjeuner buffet est généreux et varié, idéal pour reprendre la route en forme. En bonus : une piscine extérieure, une salle de fitness, un jardin potager et un restaurant sur place, parfait pour éviter de ressortir après une longue journée. Le personnel est attentionné, et l’ambiance calme malgré la proximité de la route. Une étape pratique et reposante avant d’entrer en terre bretonne.


Jour 2 – Tréguier, cité bretonne de caractère

Ce matin, cap à l’ouest. Je quitte Chartres pour entamer la traversée vers la Bretagne profonde. Après un peu plus de quatre heures de route, je fais une pause bien méritée à Tréguier, petite cité de caractère nichée au cœur du Trégor, dans les Côtes-d’Armor. C’est ici que débute véritablement notre immersion bretonne.


Tréguier | Une cité d’histoire et de granit

Avant de prendre le temps de déambuler au cœur de Tréguier, je fais une pause à la Krampouzerie, une petite crêperie charmante avec vue sur le port. Au menu : galette de blé noir croustillante, cidre artisanal et kouign amann moelleux. L’accueil est simple mais généreux — typiquement breton.


Après ce festin, vient le moment de faire mes premiers pas en terre bretonne … Tréguier est l’une de ces villes qui ne s’imposent pas, mais qui se révèlent doucement, au fil des pas. Rues pavées, maisons à colombages, façades de granit fleuries… on se croirait dans un roman ancien. L’atmosphère y est paisible, presque contemplative.


Tréguier est une ville fondée au VIᵉ siècle par saint Tugdual, l’un des sept saints fondateurs de la Bretagne, Tréguier devient très tôt un centre religieux majeur. En effet, elle accueille un monastère puis un évêché dès le IXᵉ siècle. L’apogée de son rayonnement se dessine au Moyen Âge, avec la construction de sa cathédrale gothique. C’est ici que repose saint Yves (1253-1303), prêtre et avocat des pauvres, canonisé en 1347. Son culte dépasse largement les frontières bretonnes : il est aujourd’hui le patron des juristes dans le monde entier.


Mais Tréguier, c’est aussi une ville de lettres. Elle est le berceau d’Ernest Renan, écrivain, philosophe et orientaliste du XIXᵉ siècle, dont la pensée a profondément marqué son époque. Sa maison natale, devenue musée, se visite encore aujourd’hui.


💡 Le savais-tu ?

Chaque année, au mois de mai, Tréguier accueille le "Pardon de saint Yves", un grand pèlerinage où se rassemblent avocats, juristes et fidèles venus de toute la Bretagne.



Après la découverte de Tréguier, je repars en direction du Château de la Roche‑Jagu, à 30 minutes de route, un bijou médiéval perché au-dessus de l’estuaire du Trieux.


Château de la Roche‑Jagu, un lieu hautement stratégique

Construit au XVe siècle comme poste de surveillance fluvial, le château domine majestueusement la vallée du Trieux. Sa silhouette sobre, ponctuée de tours et d’un chemin de ronde, témoigne de son rôle stratégique.


En ce moment, l’exposition "L’esprit de la Nature – Arts des peuples autochtones d’Amérique du Nord" apporte une dimension contemporaine et sensible à ce lieu chargé d’histoire. On y découvre objets et rituels liés à la nature pour capter pleinement la profondeur des cultures autochtones.


Le parc, labellisé Jardin Remarquable et ÉcoJardin, est un vrai lieu de contemplation. Il comprend des jardins médiévaux, des camélias, des sculptures contemporaines et des vues panoramiques sur l’eau. A la fin de la visite, je m’accorde une petite pause glacée au petit salon de thé “Le Petit Jagu”.



Après cette belle découverte, je reprends la route pour une quarantaine de minutes jusqu’à Plouaret, mon point de chute pour trois nuits. Je pose mes valises au gîte L’Amour Breizh, une maison de charme au cœur de la campagne bretonne, réservée plusieurs mois à l’avance. Le gîte est spacieux, bien équipé, décoré avec soin et surtout très calme — parfait pour rayonner ensuite vers la côte de granit rose, les enclos paroissiaux ou encore la presqu’île de Crozon. On s’y sent tout de suite chez soi !


Pour clôturer cette première journée bretonne, riche en découvertes, rien de tel qu’un pique-nique sur la magnifique plage de Saint-Efflam. Elle offre un cadre idéal pour savourer un dîner simple en admirant les lumières changeantes du soir sur la baie. Un moment suspendu entre terre et mer, parfait pour se ressourcer avant la suite du voyage.


Jour 3 – A la découverte de la Côte de granit rose

Ce matin, je quitte la campagne paisible de Plouaret pour découvrir l’un des paysages les plus emblématiques de la Bretagne : la côte de granit rose, entre Trégastel et Ploumanac’h. Un décor presque irréel, sculpté par les éléments depuis des millions d’années, où la mer turquoise vient lécher d’énormes blocs de granit aux formes fantastiques.


Trégastel, une balade les pieds dans l’eau

Je suis arrivée à Trégastel de bonne heure, bien décidée à profiter de la lumière du matin sur l’île Renote, avant que la foule ne s’installe. C’était une excellente idée : à 9h, le site était presque désert, baigné d’une douce lumière.


La randonnée fait le tour de l’île en une heure environ. C’est l’un des endroits les plus féériques que j’ai parcourus. Les rochers de granit rose y prennent des formes étonnantes, parfois monumentales, semblant surgir de la terre comme d’anciens géants endormis. À cette heure-là, la nature m’a offert un moment suspendu, l’un de mes plus beaux souvenirs de ce road-trip !


Vers 10h30, j’ai croisé les premiers groupes de randonneurs — signe qu’il était temps de reprendre la route vers Ploumanac’h, tout proche.



Ploumanac’h, l’un des villages préférés des Français

Nous poursuivons notre marche jusqu’à Ploumanac’h, petit port niché dans une crique paisible, élu "Village préféré des Français" en 2015. Et on comprend vite pourquoi.


À l’entrée du village, le phare de Mean Ruz, entièrement bâti en granit rose, offre un panorama saisissant sur la mer et les rochers. C’est l’un des spots photo les plus prisés de la côte — à juste titre. Le premier phare fut construit en 1860 pour sécuriser l’entrée du port de Ploumanac’h, mais il fut détruit par les troupes allemandes en 1944. Le phare actuel, que l’on peut admirer aujourd’hui, date de 1948. Il culmine à 15 mètres de haut et reste en activité, bien qu’automatisé.


En flânant dans les petites boutiques du village, j’ai retrouvé tout ce que j’aime dans l’artisanat breton : de jolis magnets colorés, des bols traditionnels et des affiches graphiques que j’ai adorées. J’ai eu un gros coup de cœur pour le travail de Pauline Launey, une illustratrice bretonne talentueuse dont les créations capturent l’âme de la région avec poésie et modernité. Et, bien sûr, je n’ai pas résisté à l’appel des cirés traditionnels ! J’ai craqué pour un modèle corail de la marque Bastingage, à la fois pratique et super stylé — parfait pour affronter les averses bretonnes.


Avant de repartir, je fais une pause bien méritée à la crêperie Le Cabestan, idéalement située près du port. La terrasse est ombragée, l’ambiance décontractée et la carte fait honneur aux produits locaux. Une adresse simple, efficace, chaleureuse, que je te recommande les yeux fermés.



Cité des Télécoms, un site historique

En début d’après-midi, je décide de faire une pause culturelle (et un peu technologique) à la Cité des Télécoms de Pleumeur-Bodou, à 15 minutes de là. Installée sur le site où s’est posé le premier signal télévisé transatlantique en 1962, la Cité retrace l’épopée des télécommunications, de la télégraphie à Internet. L’immense radôme blanc, classé monument historique, abrite toujours une antenne géante qui captait les signaux du satellite Telstar.


Les expositions sont interactives et accessibles à tous. On y trouve des animations, des expériences immersives, des maquettes, et même des espaces rétro où l’on plonge dans son enfance (👋 minitel et nokia 3410). Un vrai voyage dans le temps, qui complète à merveille cette journée !


Après quatre heures de belles découvertes, je rentre à Plouaret pour profiter d'un repos bien mérité.



Jour 4 – Perros-Guirec, le mythique sentier des douaniers

Le ciel est voilé lorsque je quitte Plouaret pour mettre le cap sur Perros-Guirec, à une petite trentaine de minutes de route, pour une journée que j’imaginais grandiose et iodée. Elle le sera — à sa manière.


Le sentier des douaniers… version arrosée

J’arrive vers 9h30 à la plage de Trestraou, point de départ du célèbre sentier des douaniers (GR34). Je suis impatiente : cette portion entre Perros et Ploumanac’h est l’une des plus spectaculaires de Bretagne.


Mais à peine les premiers pas entamés, une fine bruine se transforme en averse. Pas de quoi me décourager ! Et il faut bien le dire : la pluie donne une atmosphère toute particulière à ces paysages de granit rose. Les rochers prennent une teinte plus intense, presque rouge sombre et la mer se fond dans le ciel.


J’ai marché un peu plus d’une heure, jusqu’à la pointe de Ploumanac’h, sans croiser grand monde. Une Bretagne intime, mélancolique, un peu sauvage… que j’ai adorée. Même mouillée.


Le retour était plus sympathique encore … le soleil a décidé de nous donner une autre version du sentier des douaniers. La Bretagne se vit, sous tous les temps !


À midi, je choisis Lo-Soli, une petite adresse conviviale à deux pas de la plage. L’accueil est chaleureux et… leurs moules-frites sont absolument délicieuses ! Bien charnues, parfaitement cuites, avec une sauce crémeuse dont je me souviendrai longtemps. Un déjeuner sans chichi mais plein de saveurs, dans une ambiance détendue, parfaite pour recharger les batteries.



Après le repas, j’hésite entre une balade tranquille dans le village — ses petites boutiques de bord de mer, ses galeries d’art, ses senteurs de caramel au beurre salé — ou un moment de détente sur la plage de Trestraou, où le ciel commence à s’éclaircir. Finalement, un peu de détente sur la plage avant la prochaine découverte.


Escapade au cœur de la réserve naturelle des Sept-Îles

Vers 15h30, je me rends au port pour embarquer avec Armor Navigation vers la réserve naturelle des Sept-Îles. Le bateau est bien rempli mais chacun trouve sa place, appareil photo en main.


La mer est calme, les goélands nous escortent et très vite les îles apparaissent à l’horizon : l’Île Rouzic, peuplée de milliers de fous de Bassan mais aussi l’Île aux Moines avec son phare et ses restes de fortifications. J’ai même eu la chance de voir un petit phoque, confortablement lové sur son petit rocher.


💡 Le savais-tu ?

Les Sept-Îles abritent la seule colonie de macareux moines en France ! Reconnaissable à son plumage noir et blanc et à son bec coloré, ce petit oiseau marin au look presque cartoon est devenu le symbole des côtes bretonnes. Bien que leur nombre ait fortement diminué, quelques centaines d’individus nichent encore sur l’île Rouzic, où ils reviennent chaque année pour se reproduire.


Le guide à bord commente avec passion : on parle écologie, migrations et protection de ces oiseaux marins. C’est un vrai moment de déconnexion, presque hors du temps, au cœur d’un patrimoine naturel exceptionnel.


💡 Réserve ta croisière pour un joli moment de découverte - ⏱ Durée : environ 1h45



Après cette immersion en pleine mer, je reprends la route vers Plouaret en fin d’après-midi. Cette journée, riche en merveilles naturelles, restera l’un de mes plus beaux souvenirs de ce voyage.


Jour 5 – Les enclos paroissiaux, particularité bretonne

Ce matin, je quitte Plouaret et je mets le cap vers le Finistère intérieur, où une Bretagne plus secrète m’attend — celle des enclos paroissiaux, véritables chefs-d’œuvre d’art religieux populaire, uniques en leur genre.


Saint-Thégonnec, l’enclos paroissial le plus connu

En début de matinée, j’arrive à Saint-Thégonnec, l’un des plus célèbres enclos de Bretagne. L’édifice m’impressionne dès le portail : sculptures en granit, calvaire monumental, ossuaire baroque, tout ici évoque une foi ancrée dans la terre et dans le quotidien.


Ces enclos, construits entre le XVIe et le XVIIIe siècle, témoignent de la prospérité des paroisses bretonnes à l’époque, grâce notamment au commerce du lin. Ils comprenaient souvent quatre éléments : un mur d’enceinte, un calvaire, un ossuaire et l’église elle-même, richement décorée.


À Saint-Thégonnec, tout est dans le détail sculpté : les scènes de la Passion du Christ sur le calvaire, les anges musiciens, les saints bretons, les stalles sculptées... Et surtout ce baldaquin en bois polychrome dans le chœur, qui me coupe littéralement le souffle.


Guimiliau, l’enclos paroissial d’une richesse exceptionnelle

Plus tard dans la matinée, je pousse la porte de l’enclos de Guimiliau, situé à une dizaine de minutes à peine. Ici aussi, l’ensemble est saisissant : le calvaire est immense, tout en finesse, et l’intérieur de l’église dévoile une profusion d’éléments baroques : retables sculptés, chaire en bois peint, sablières ciselées, et même une fresque du Jugement Dernier.


Je suis accueillie par Florent, guide passionné, pour une visite commentée qui va clairement changer ma perception du lieu. Grâce à lui, chaque statue, chaque détail prend vie. Il explique avec clarté et passion les codes visuels du calvaire, les scènes du Jugement Dernier, les retables et l’évolution des pratiques religieuses populaires bretonnes.


Je prends le temps de tout observer, de m’imprégner de cette esthétique populaire qui mêle foi, art et traditions rurales. Ce n’est pas le grand art académique des cathédrales — et pourtant, il y a ici une émotion brute, sincère, que je ressens profondément.


Lampaul-Guimiliau, l’enclos paroissial le plus spectaculaire

En fin de matinée, je termine cette trilogie sacrée par la visite de l’enclos de Lampaul-Guimiliau. Moins fréquenté, mais tout aussi fascinant. C’est ici que je ressens le plus fort le lien entre les vivants et les morts, entre le quotidien et l’éternité. L’ossuaire notamment, petit bâtiment de pierre sobre et touchant, raconte avec pudeur le rapport à la mort dans la Bretagne ancienne.


À l’intérieur de l’église, je reste longtemps devant le retable de la Passion, une pièce spectaculaire, riche en détails. L’odeur du bois, la fraîcheur de la pierre, la lumière tamisée qui entre par les vitraux… tout concourt à une forme de recueillement naturel.


Après cette immersion passionnante au cœur des enclos paroissiaux, je reprends brièvement la route vers Landivisiau, à quelques kilomètres de là, pour déjeuner dans une adresse locale que je recommande chaudement : Les Crêpes d’Alex. La salle est chaleureuse, le service rapide et attentionné et les galettes croustillantes à souhait. C’est le genre d’endroit sans prétention où l’on sent l’amour du métier et le respect du produit, ce qui suffit à en faire une halte parfaite.



St-Nic, l’un des meilleurs spots de surf en Bretagne

En début d’après-midi, je reprends la route, quittant les terres sacrées du Léon pour rejoindre le littoral sud du Finistère. Environ une heure plus tard, me voilà à Saint-Nic, petit bourg discret posé entre montagnes douces et mer ouverte, à la lisière de la presqu’île de Crozon.


Je m’installe dans ce Airbnb repéré et réservé des mois plus tôt. Simple mais accueillant, avec tout ce qu’il faut pour se poser, respirer, ralentir. Après une journée marquée par les pierres sculptées et les récits spirituels, ce petit havre me semble presque providentiel.


En fin de journée, nous partons pour une longue balade sur la plage immense, à quelques minutes à pied du logement. La baie de Douarnenez s’étire à l’infini, les vagues déroulent leur écume en cadence, et sur le sable mouillé, les chars à voile dessinent des arabesques gracieuses, presque hypnotiques. Le vent est doux, l’air salé. Ce soir, pas besoin de mots : je m’installe sur un rocher et je regarde le soleil s’incliner lentement vers l’horizon.


Jour 6 – Presqu’île de Crozon, un incontournable breton

Aujourd’hui, cap sur l’un des joyaux naturels de la Bretagne : la presqu’île de Crozon. Située entre la rade de Brest et la baie de Douarnenez, elle forme un immense trident de falaises, de caps venteux et de criques turquoise. C’est une Bretagne brute et sauvage que je m’apprête à découvrir.


Mais la beauté des paysages n’est qu’une partie de son identité. La presqu’île de Crozon, c’est aussi une terre de mémoire, marquée par les siècles, les marées… et les hommes.


🧭 Un peu d’histoire

Habité dès la Préhistoire, le territoire est jalonné de mégalithes, comme les alignements de Lagatjar, témoins d’une présence humaine très ancienne. À l’époque gallo-romaine, la presqu’île est intégrée au territoire des Osismes, un peuple celte influent. Plus tard, au Moyen Âge, elle est rattachée au duché de Bretagne avant de suivre l’histoire mouvementée du royaume de France.


Mais c’est surtout au XXe siècle que Crozon se forge un rôle stratégique : poste avancé de défense militaire, elle abrite de nombreuses fortifications (certaines visibles encore aujourd’hui, comme à la Pointe des Espagnols) et sert de base à la Marine nationale. L’armée y occupe encore de vastes zones, préservant paradoxalement la nature sauvage en freinant l’urbanisation.


Aujourd’hui, la presqu’île s’impose comme un sanctuaire naturel et patrimonial, inscrite dans le Parc naturel régional d’Armorique, avec des sites classés et protégés. Ici, la nature parle fort et l’histoire murmure sous les pas.



Pointe des Espagnols, la protectrice secrète de Brest

Premier arrêt : la Pointe des Espagnols, tout au nord de la presqu’île. Ici, le regard file droit vers Brest, de l’autre côté de la rade. La vue est saisissante : les falaises tombent à pic, les forts militaires s’accrochent aux rochers, vestiges des guerres d’un autre temps.


Son nom provient d’un épisode marquant de la fin du XVIe siècle : en 1594, des troupes espagnoles y débarquèrent pour soutenir les catholiques bretons contre les protestants français. Un débarquement vite repoussé, mais qui a laissé son empreinte dans la toponymie et l’histoire locale.


L’air est vif, la mer en contrebas roule sans relâche et au loin, j’aperçois un sous-marin - le premier que j’ai la chance d’apercevoir dans la vie. Déjà, je sens que cette journée restera gravée.


Alignements de Lagatjar, l’endroit le plus magique de la presqu’île

Je poursuis ma route vers Camaret-sur-Mer, où m’attendent les alignements mégalithiques de Lagatjar. Moins connus que Carnac, mais tout aussi intrigants. Plus de 80 menhirs se dressent en lignes, orientés avec précision. L’origine et la signification exacte restent mystérieuses et c’est ce qui confère au lieu, une atmosphère unique. Ici, on se sent minuscule, mais profondément reliée à quelque chose de plus vaste.


Tour Vauban, une sentinelle de pierre face à l’océan

Avant de quitter Camaret, je fais un détour par l’un des monuments les plus emblématiques de la presqu’île : la tour Vauban, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Érigée à la toute fin du XVIIe siècle pour protéger la rade de Brest, elle fait partie du vaste système de défense imaginé par Sébastien Le Prestre de Vauban, l’ingénieur militaire de Louis XIV.


La tour, flanquée de son petit fort et entourée d’un fossé, se dresse face à la mer, solide et sobre. Elle surveillait les côtes et abritait une garnison prête à repousser les envahisseurs venus de la mer. À l’intérieur, une exposition retrace son histoire, ses fonctions stratégiques et le rôle de la marine dans cette région frontalière.


J’ai beaucoup aimé ce lieu à taille humaine, où l’histoire militaire rencontre la beauté du littoral. Depuis le haut de la tour, la vue sur le port est à couper le souffle. Un moment fort, dans tous les sens du terme.



Pause gourmande face à la Pointe de Pen-Hir

Aux alentours de midi, je fais halte à Camaret-sur-Mer pour savourer un déjeuner chez Chez Germaine, petite crêperie familial réputée. L’accueil y est simple et chaleureux, avec une décoration marine pleine de charme. J’ai opté pour une galette au saumon fumé, accompagnée d’un cidre local bio, suivie d’une crêpe au caramel beurre salé. Un délice !


Pointe de Pen-Hir, l’appel du grand large

L’après-midi continue avec l’un des points culminants de la journée : la pointe de Pen-Hir.

Dès mon arrivée, je comprends pourquoi on l’appelle le bout du monde : un à-pic vertigineux de 70 mètres, des falaises déchiquetées et au loin, les Tas de Pois, ces trois rochers plantés dans la mer comme les restes d’un vieux château écroulé. Le vent souffle fort, le ciel change sans cesse et tout ici semble sculpté par les éléments.


Au passage, je m’arrête devant le monument aux Bretons de la France libre, érigé ici en mémoire des résistants bretons embarqués pour Londres en 1940. Une croix de Lorraine blanche, simple et puissante, face à l’horizon.


Pointe de Dinan, la plus photogénique des falaises

Mon exploration continue vers la Pointe de Dinan, un site moins fréquenté mais d'une beauté à couper le souffle. Ses falaises abruptes, sculptées par l'érosion marine, offrent des formations rocheuses spectaculaires. Un petit sentier côtier permet d'admirer ces géants de pierre depuis différents angles, chacun plus impressionnant que le précédent.


Cap de la Chèvre, un final sauvage

Pour clore cette journée déjà pleine de merveilles, je me rends jusqu’au Cap de la Chèvre, tout au sud de la presqu’île. C’est le point le plus sauvage, le plus dénudé aussi. À perte de vue, lande rase, et cette sensation d’être seule au monde face à l’infini. Le sentier serpente doucement jusqu’à la falaise. Au loin, les contours flous de l’île de Sein, les crêtes d’Ouessant parfois.



La journée s’achève, je reprends la route pour Saint-Nic, un peu fatiguée, mais profondément heureuse. Aujourd’hui, j’ai vu la Bretagne à l’état brut. Une Bretagne qui se mérite mais qui offre des paysages inoubliables à ceux qui prennent le temps de la parcourir.


Jour 7 – Locronan & Quimper, deux perles de la Cornouaille

Après avoir exploré les paysages sauvages de la presqu’île de Crozon, je poursuis ce road-trip breton en m’enfonçant dans le cœur culturel et spirituel de la Cornouaille. Locronan et Quimper, deux villes très différentes mais également profondément ancrées dans l’identité bretonne.


Locronan, le village figé dans le temps

Départ à 8h pour Locronan, classé parmi les plus beaux villages de France, situé à une quarantaine de minutes de Crozon. J’y arrive peu aux alentours de 9h et j’ai l’impression de remonter le temps immédiatement. Ruelles pavées, maisons Renaissance en granit bleu, pas une enseigne criarde : tout ici semble figé, hors du monde moderne.


Fondée au Ve siècle autour de Saint Ronan, moine irlandais venu christianiser la région, Locronan est vite devenue un haut lieu de pèlerinage. Mais ce sont surtout les toiles de lin qui ont fait sa richesse au XVIIe siècle : tissées ici, elles servaient à fabriquer les voiles des navires français et bretons. D’où son architecture noble, élégante, presque austère.


Je me laisse porter par la beauté du lieu, flâne entre les échoppes d’artisans et pousse la porte de l’église Saint-Ronan, qui mêle gothique flamboyant et sobriété bretonne. La lumière filtrée par les vitraux colore la pierre et je prends le temps de découvrir le tombeau du saint, vénéré encore aujourd’hui.


Mon coup de cœur ? La belle librairie du village, un brin mystique, avec son ambiance feutrée et ses ouvrages soigneusement choisis. On y trouve de beaux livres sur la Bretagne, des contes, des récits de marins, des romans envoûtants … et aussi quelques grimoires de sorcière. J’aurais pu y rester des heures !


💡 Petit conseil : viens tôt le matin si tu veux ressentir la magie du lieu avant l’arrivée des cars de touristes aux alentours de 10h.



En fin de matinée, je reprends la route direction Quimper, capitale historique de la Cornouaille, à une petite demi-heure de là.


Quimper, une authentique ville bretonne

Avant de partir explorer la ville, je fais une pause bien méritée à la Crêperie du Quartier, une jolie adresse un peu à l’écart de l’agitation touristique. L’intérieur est chaleureux, presque rustique, avec ses murs en pierre et ses tables en bois. L’ambiance y est simple et authentique, comme j’aime.


Je me régale d’une galette poireaux / noix de St Jacques, parfaitement croustillante, suivie d’une crêpe au chocolat noir fondu. Un régal du début à la fin, avec un service rapide et attentionné. De quoi reprendre des forces avant de plonger dans les ruelles médiévales de Quimper.


L’ambiance change complètement : ici, c’est la ville mais une ville douce, à taille humaine, traversée par l’Odet et cernée de maisons à pans de bois. Le centre historique est un bijou : rues pavées, boutiques d’artisanat, faïenceries et galeries racontent une ville d’art et d’histoire.


Je commence par la visite de la cathédrale Saint-Corentin, chef-d'œuvre gothique flamboyant. Sa particularité ? Son axe légèrement dévié, volontairement, pour symboliser la tête penchée du Christ sur la croix. À l’intérieur, les vitraux et la hauteur de la nef m’impressionnent, tandis que le calme m’invite à un moment de recueillement.


Je poursuis par une balade au fil de l’Odet puis je me perds volontairement dans les ruelles colorées, entre façades médiévales et vitrines de faïence Henriot. Je m’arrête dans quelques boutiques : cartes postales, savons bretons, torchons illustrés… Tout ici semble empli d’authenticité et de créativité.


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En fin d’après-midi, je m’installe à l’hôtel Ibis Quimper, idéalement situé, confortable, propre et très calme. Literie impeccable, déco contemporaine et accueil souriant : c’est parfait pour recharger les batteries avant d’entamer la suite du voyage.


Jour 8 – Concarneau & Carnac, un voyage dans le temps

Je quitte Quimper ce matin sous un ciel légèrement voilé, direction Concarneau, l’une des cités les plus emblématiques de la côte sud bretonne. À peine 30 minutes de route, et me voilà déjà devant les remparts de la ville close.


Concarneau, une ville fortifiée posée sur la mer

La ville close de Concarneau, ceinturée par d’épais remparts de granit et posée sur un îlot en pleine rade, est l’un de ces lieux qui impressionnent dès le premier regard. On y accède à pied par un petit pont et une fois à l’intérieur, on découvre une enfilade de ruelles pavées, de boutiques d’artisans, de petits restaurants et de maisons à colombages.


L’histoire du lieu remonte au Moyen Âge, mais c’est surtout au XVIIe siècle que Concarneau devient un port stratégique, avec un chantier naval actif et une pêche au thon florissante. Aujourd’hui encore, le port de pêche reste l’un des plus importants de France, même si l’activité s’est modernisée.


Je prends le temps de faire le tour complet des remparts, avec une vue magnifique sur les bateaux colorés de la marina, les maisons accrochées à la rive et les allers-retours du bac qui relie les deux rives. L’ambiance est vivante mais jamais étouffante.


Juste après la promenade, je fais une halte bien méritée à La Maison du Kouign-Amann, située à deux pas des remparts. L’endroit est simple mais chaleureux, et le kouign-amann y est tout simplement divin. Accompagné d’une tisane, c’est un petit moment de gourmandise pure, parfait avant de repartir vers la suite de la journée.



Carnac, un lieu légendaire

L’après-midi, changement d’ambiance. Après 1h15 de route en direction du Morbihan, j’arrive à Carnac, célèbre dans le monde entier pour ses mystérieux alignements de menhirs. Plus de 3 000 pierres dressées sur plusieurs kilomètres, témoins d’un passé aussi fascinant qu’insaisissable.


Pour le déjeuner, j’opte pour Le Patio, une adresse conviviale et moderne à Carnac. On y trouve toutes sortes de burgers — viande, poulet, et même options végétariennes — servis dans un pain moelleux fait maison, accompagnés de frites croustillantes. Une pause gourmande et variée, où chacun trouve son bonheur.


Au courant de l’après-midi, j’ai réservé une visite guidée, ce qui permet de mieux comprendre la portée archéologique du site. Les alignements de Carnac datent du Néolithique (entre 5000 et 2000 av. J.-C.), bien avant les pyramides d’Égypte. On ignore encore la fonction exacte de ces mégalithes : lieu de culte ? calendrier solaire ? tombeaux ? La légende raconte que ces pierres seraient des soldats romains figés pour l’éternité par Saint Cornély…


La visite, ponctuée d’explications passionnantes, me laisse rêveuse. Il y a dans cet alignement parfait de pierres une force tellurique, quelque chose de magnétique. On se sent minuscule face à cette organisation millénaire.



En fin d’après-midi, je poursuis ma route vers Erdeven, petit village breton entre mer et campagne, où j’ai réservé un Airbnb pour deux nuits. L’endroit est simple, bien situé, avec un jardin et une piscine pour se délasser après une journée de visite.


Jour 9 – Belle-Île-en-Mer, l’île qui porte bien son nom

Ce matin, réveil très matinal - aux alentours de 6h30 - à Erdeven, avec une excitation particulière dans l’air : c’est aujourd’hui que je découvre Belle-Île-en-Mer, ce petit bout de terre mythique au large du Morbihan, que tant de voyageurs évoquent avec des étoiles dans les yeux.


Après une courte route jusqu’à Quiberon, j’embarque à bord du ferry pour rejoindre Sauzon, sur la côte nord de Belle-Île. La traversée en bateau est fluide, bien organisée et offre déjà de superbes vues sur la côte sauvage. En une demi-heure, me voilà à quai, accueillie par le charme tranquille de Sauzon, ce port de carte postale aux maisons colorées bordant les quais.


Sauzon & la Pointe des Poulains, la magie sauvage de Belle-Île

À peine arrivée sur l’île, je commence la journée par un petit-déjeuner copieux au Dérapage, une adresse jeune et dynamique située au port de Sauzon. La déco est moderne, l’accueil chaleureu, et le choix de boissons et de douceurs locales fait vraiment plaisir.


Aux alentours de 9h30, je pars en randonnée pour rejoindre la Pointe des Poulains, l’un des paysages les plus emblématiques de Belle-Île. Les falaises se dressent fièrement et le vent s’engouffre dans les landes sauvages. C’est brut, c’est beau, c’est vibrant. Au bout de la pointe, le phare veille. Il marque l’extrême nord-ouest de l’île, là où la terre se heurte à l’infini de l’Atlantique.



Sarah Bernhardt et Belle-Île : un refuge d'été entre solitude et inspiration

Juste à côté, j’ai visité le musée Sarah Bernhardt, installé dans l’ancienne demeure de la comédienne.


C’est en 1894 que Sarah Bernhardt, immense tragédienne française adulée dans le monde entier, découvre la Pointe des Poulains lors d’un séjour à Belle-Île. Subjuguée par la beauté sauvage de ce bout de terre battu par les vents, elle décide d’acheter l’ancien fortin militaire situé à l’extrémité du cap. Loin des théâtres parisiens et de l’agitation mondaine, elle trouve ici un lieu de paix, presque mystique.


Pendant plus de trente ans, elle y revient chaque été, transformant peu à peu le fort abandonné en résidence d’artiste. Elle y installe ses meubles, fait venir un piano, aménage un petit théâtre dans une dépendance et accueille ses amis. Ce lieu, coupé du monde, devient pour elle un refuge intime, propice à la création, à la réflexion… et à la contemplation de l’infini marin.


Aujourd’hui, le musée qui occupe le fort permet de revivre un peu de cette atmosphère hors du temps. La visite est simple, émouvante, ponctuée d’objets personnels, de lettres et de photos d’époque. Une belle manière d’honorer celle qui disait :

« Ici, je respire mieux, je vis mieux, je suis vraie. »

Après avoir longuement exploré la maison de Sarah Bernhardt, encore imprégnée de sa présence silencieuse, je choisis de revenir à Sauzon en bus, profitant d’un retour reposant tout en laissant défiler les paysages de Belle-Île depuis la fenêtre. Pour ceux qui souhaitent prolonger l’expérience à pied, un joli sentier côtier permet de rejoindre Sauzon en 45 minutes environ, à travers landes et criques.


Pour le déjeuner - un peu tardif, je choisis une table en terrasse à L’Herminoise, une charmante crêperie installée face au port. Le cadre est simple et accueillant, avec une vue imprenable sur les bateaux amarrés. Les galettes sont croustillantes, généreusement garnies, et préparées avec des produits locaux.


Avant de repartir, je prends le temps de flâner dans l’adorable port de Sauzon, sans doute l’un des plus charmants de Belle-Île. Ses maisons aux volets colorés, ses petites terrasses animées, les barques qui se balancent doucement au rythme de la marée… tout invite à contempler. Je m’attarde dans une boutique de souvenirs pour ramener un peu de l’île avec moi et il est déjà l’heure du retour.



En milieu d’après-midi, je reprends le ferry en direction de Quiberon puis la route vers Erdeven. Ce soir, pas besoin de programme : je savoure simplement le calme de la campagne bretonne.


Jour 10 – Vannes, porte d’entrée de la forêt de Brocéliande

Après une nuit reposante à Erdeven, je quitte la côte sauvage pour rejoindre Vannes, à une trentaine de minutes de route. Cap sur une ville historique pleine de charme, entre remparts fleuris, maisons à pans de bois et placettes animées.


Vannes, une cité médiévale au cœur battant

Dès mon arrivée, je suis accueillie par les remparts de la vieille ville, parfaitement conservés. Vannes a quelque chose de cinématographique, avec ses ruelles pavées, ses maisons colorées aux façades à colombages, et ses tours qui veillent sur les jardins suspendus.

Avant d’explorer la ville, je fais une pause gourmande à L’Escale, une adresse accueillante tout près du port. Le petit déjeuner y est copieux et savoureux : viennoiseries fraîches, crêpes croustillantes et thé … parfait pour démarrer la journée avec énergie. L’ambiance y est chaleureuse et détendue, typique de ces établissements où l’on sent que les habitués y reviennent avec plaisir.


Après cette pause gourmande, j’entre par la porte Saint-Vincent, avant de me perdre volontairement dans les venelles. Je prends le temps de flâner dans le quartier Saint-Patern, l’un des plus anciens, où chaque coin de rue raconte un morceau d’histoire. Sur la place des Lices, l’ambiance est plus contemporaine : cafés, librairies indépendantes, boutiques de créateurs… Vannes conjugue avec talent le patrimoine et l’art de vivre.



Musée de la Résistance bretonne, à la rencontre de véritables héros

Après cette belle visite, je quitte les ruelles animées de Vannes pour un moment plus introspectif : la visite du Musée de la Résistance bretonne, situé à Saint-Marcel, à une vingtaine de minutes en voiture.


Installé dans un parc boisé, ce musée passionnant retrace le rôle crucial joué par la Bretagne dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. À travers des témoignages, des objets authentiques, des mises en scène immersives et des documents poignants, on plonge dans l’histoire du maquis de Saint-Marcel, l’un des plus importants de France.


Je suis particulièrement touchée par la sobriété et la force émotionnelle du lieu : les visages des jeunes résistants, les armes dissimulées dans les granges, les messages codés, les cartes déchirées… Autant d’échos d’un passé proche, encore vibrant dans la mémoire collective bretonne.


En sortant, je prends un moment dans le parc, à l’ombre des arbres, pour respirer. Cette visite donne une profondeur supplémentaire à mon road-trip : au-delà des paysages et des légendes, la Bretagne est aussi une terre de courage et d’engagement.



En fin d’après-midi, je rejoins l’Ibis Vannes, situé à quelques minutes du centre, pour une soirée simple et reposante.


Jour 11 – Châteaudun et Orléans, derniers pas dans l'Histoire

Le road-trip touche à sa fin. Ce matin, je quitte Vannes avec une pointe de nostalgie, le cœur encore empli de tout ce que la Bretagne m’a offert : ses paysages, ses légendes, ses habitants chaleureux et ses instants suspendus.


Le trajet du jour est plus long — environ 4 heures jusqu’à Châteaudun, où je prévois une halte bien méritée pour déjeuner. Sur la route, les paysages défilent, changeant peu à peu d’ambiance : des côtes du Morbihan aux plaines du Centre-Val de Loire, c’est un retour en douceur vers une autre facette de la France.


Après plusieurs heures de route depuis Vannes, je fais une halte à Châteaudun, charmante bourgade nichée au bord du Loir. Pour le déjeuner, je choisis L’Atelier d’Ozanne, une boulangerie artisanale qui fait aussi salon de thé. Ici, tout est fait maison, avec des produits de qualité et un soin particulier apporté aux saveurs comme à la présentation.


Château de Châteaudun, le logis de Jean de Dunois

Je profite d’être à Châteaudun pour visiter son château, perché au-dessus du Loir. Moins connu que les grands châteaux de la Loire, ce monument mériterait pourtant d’être sur bien plus d’itinéraires, tant il étonne par son mélange de styles et son atmosphère hors du temps.

Construit au XIIe siècle sur l’emplacement d’un ancien castrum, le château fut d’abord une forteresse médiévale, avant d’être transformé au fil des siècles par ses propriétaires successifs. C’est surtout au XVe siècle que Jean de Dunois, dit "le bâtard d’Orléans" — compagnon de Jeanne d’Arc — y laisse son empreinte. Il fait bâtir un logis somptueux, à la transition du gothique flamboyant et de la Renaissance, qui donne aujourd’hui au château son allure si singulière.


La visite mène des anciennes tours de défense aux escaliers tournants, en passant par une magnifique chapelle ornée de vitraux et par un grand donjon roman, vestige des origines militaires du lieu. L’ensemble dégage une sérénité majestueuse. Je termine la visite sur la terrasse panoramique. Une belle surprise patrimoniale, inattendue sur le chemin du retour.



Cathédrale d’Orléans, ultime étape historique

Avant de rejoindre mon hébergement pour la nuit, je fais une pause devant l’imposante cathédrale Sainte-Croix d’Orléans. Sa façade gothique, richement sculptée, capte immédiatement le regard. Flanquée de ses deux hautes tours, elle se dresse comme un symbole de la ville, indissociable de l’histoire de Jeanne d’Arc.


L’édifice que l’on admire aujourd’hui date majoritairement des XVIe au XIXe siècles, mais son histoire commence bien plus tôt. Une première basilique avait été érigée ici dès le IVe siècle, avant d’être détruite par les Normands. Le chantier d’une nouvelle cathédrale fut lancé au XIIIe siècle, dans le style gothique rayonnant, mais interrompu à plusieurs reprises, notamment à cause des guerres de Religion. Ce n’est qu’au XIXe siècle, sous l’impulsion de Louis XVI puis de Napoléon, que la cathédrale fut achevée, avec une façade spectaculaire mêlant fidélité au gothique et grandeur néo-classique.


Mais ce qui rend ce lieu vraiment unique, c’est son lien profond avec Jeanne d’Arc. En 1429, la Pucelle d’Orléans assiste à la messe ici même, alors que la ville vient d’être libérée du siège anglais. Les vitraux de la cathédrale retracent d’ailleurs tout son parcours, formant une fresque lumineuse et émouvante, hommage à celle qui est devenue l’âme de la cité.


À l’intérieur, la nef élancée, baignée de lumière, offre un dernier moment de calme et de recueillement après cette journée riche en kilomètres et en émotions.



Je termine cette journée au Novotel d’Orléans, confortable pour une pause bien méritée avant le retour en Alsace. La boucle est presque bouclée. Ce soir, je repense à tous ces jours vécus intensément, à ces paysages gravés en moi, à cette Bretagne qui m’a touchée bien plus profondément que je ne l’avais imaginé.


La Bretagne dans mon cœur, pour longtemps

Après plus de dix jours sur les routes, me voilà de retour en Alsace, le coffre un peu plus chargé… et le cœur surtout rempli de beaux souvenirs.


Ce road-trip en Bretagne m’a profondément marquée. Plus qu’un simple itinéraire, c’était une traversée intérieure. J’y ai trouvé des paysages à couper le souffle, bien sûr, mais aussi des rencontres chaleureuses, des moments de silence face à la mer… et cette sensation de me sentir pleinement là, enracinée dans l’instant.


Chaque étape m’a offert son lot de découvertes et d’émotions. Les granits roses de Ploumanac’h, les macareux farouches des Sept-Îles, le calme sacré des enclos paroissiaux, la lumière brute de la Presqu’île de Crozon, les ruelles de Locronan, l’histoire de Sarah Bernhardt à Belle-Île, les galettes partagées, les cartes postales achetées, les kilomètres avalés… Tout est là, dans ma mémoire. Et je sais que cette Bretagne, je n’en ai vu qu’un fragment.


Si tu rêves de t’évader et de ralentir, ce voyage est pour toi. Laisse-toi porter par les marées, les embruns, les légendes. Suis les sentiers, découvre les artisans bretons, observe les phares et les chapelles. Et surtout, écoute ce que la Bretagne te murmure. Tu verras : elle a le don d’ouvrir des portes… qu’on ne referme jamais tout à fait.



Et si tu veux découvrir une autre façon de rejoindre la Bretagne, en passant par la côte normande et ses trésors, je t’invite à lire mon article complémentaire : Road-trip de 10 jours de la Normandie à la Bretagne


Un itinéraire riche en contrastes, entre falaises, plages du Débarquement, abbayes et villages de charme… avant de plonger dans l’univers breton.


[Mise à jour : Juillet 2025]

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