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Un week-end en Bourgogne du Sud

  • Lavoyageusebruchoise
  • 25 juil.
  • 9 min de lecture

La Bourgogne du Sud, un territoire à la beauté discrète et au patrimoine remarquable, m’a invitée à une échappée hors du temps. Située entre Saône-et-Loire et Mâconnais, cette région au charme authentique mêle collines recouvertes de vignes, villages de pierre et trésors spirituels.


Son histoire, riche et profonde, traverse les âges. Dès la Préhistoire, la Roche de Solutré témoigne d’une occupation humaine millénaire. À l’époque romaine, Mâcon devient un centre commercial prospère, irrigué par la Saône. Le Moyen Âge marque l’apogée du rayonnement religieux : Cluny fonde un ordre monastique qui influence toute l’Europe, tandis que Paray-le-Monial devient, au XVIIe siècle, un centre spirituel majeur du culte du Sacré-Cœur. Entre châteaux Renaissance et chapelles ornées de fresques, la région conserve la mémoire de ses siècles d’art, de foi et de culture.


Jour après jour, j’ai découvert des lieux emblématiques comme l’abbaye de Cluny, le château de Cormatin, la chapelle de Berzé-la-Ville ou encore la Roche de Solutré, perchée au-dessus des vignes. Chaque étape m’a invitée à plonger dans une page d’histoire.

Prépare-toi à un voyage sensible et inspirant, au cœur d’une Bourgogne méconnue mais inoubliable.



Jour 1 : Paray-le-Monial, la cité du Sacré-Cœur

Mon escapade commence à Paray-le-Monial, petite ville au charme discret, au cœur de la vallée de la Bourbince. Je suis arrivée en début d'après-midi, curieuse de découvrir ce haut lieu dont j'avais tant entendu parler, mais que je connaissais encore si peu. Très vite, une forme de paix m'a enveloppée. Paray-le-Monial m'a touchée par sa sincérité. Il y a ici une simplicité profonde, une absence d'ostentation, comme si la foi s'était installée sans bruit, en douceur, au fil des siècles.


L'histoire de Paray remonte à l'époque gallo-romaine mais c'est au Moyen Âge que la ville prend toute son ampleur avec l'arrivée des moines bénédictins de Cluny. En 973, l'abbé Mayeul y fonde un prieuré, autour duquel se développe une cité prospère. Ce prieuré devient au XIe siècle l'actuelle basilique du Sacré-Cœur, édifice majeur de l'art roman clunisien, conçu sur le modèle grandiose de Cluny III.



Construite entre le XIe et le XIIe siècle, la basilique se dresse aujourd'hui dans toute sa simplicité majestueuse. Inspirée par la rigueur spirituelle de l'ordre clunisien, cette église fut aussi le témoin d'un événement mystique fondateur. C'est en effet à Paray-le-Monial, entre 1673 et 1675, que Sainte Marguerite-Marie Alacoque, religieuse, affirme avoir reçu plusieurs apparitions du Christ lui révélant son Cœur brûlant d'amour pour l'humanité. Ces révélations, soutenues par son confesseur jésuite Claude La Colombière, donneront naissance au culte du Sacré-Cœur tel qu'il se développe ensuite en France et dans le monde. Paray devient dès lors un lieu central pour les pèlerins du monde entier.


La visite se prolonge naturellement par une flânerie dans les rues anciennes. Paray-le-Monial est une ville vivante, avec ses maisons médiévales et ses jardins paisibles. Pour une pause gourmande, je te conseille vivement de t’arrêter au Lucéane, une pâtisserie-salon de thé située au cœur de la ville. Les pâtisseries artisanales et le chocolat chaud maison font de cette adresse un incontournable pour les amateurs de douceurs.


En fin d’après-midi, je prends la route en direction d’Azé, à environ une heure de route, où m’attend un hébergement exceptionnel : La Grange d’Azé. Ancienne étable réhabilitée par Marie-Laure et Gérard, cette maison d’hôtes est un havre de charme. Deux tours médiévales marquent encore la silhouette du lieu, rappelant l’ancien château. La piscine d’eau salée, les petits-déjeuners généreux et les attentions discrètes composent un cocon où l’on se sent choyé. J’y pose mes valises pour trois nuits, certaine d’avoir trouvé bien plus qu’un simple point de chute : un vrai lieu de ressourcement.



Jour 2 : Cormatin et Cluny, la Bourgogne fastueuse

Le Château de Cormatin

Au matin du deuxième jour, cap sur Cormatin, charmant village posé sur les rives de la Grosne, à seulement quelques minutes d’Azé. Au cœur de ce bourg discret s’élève l’un des plus beaux châteaux de la Renaissance en Bourgogne. Construit entre 1605 et 1625 par la famille du Blé d’Uxelles, grands seigneurs du royaume et fervents soutiens de la monarchie bourbonienne, le château est un manifeste architectural du pouvoir aristocratique post-guerres de Religion.


À cette époque, la paix retrouvée permet aux élites de reconstruire, non plus pour se défendre, mais pour affirmer leur rang. Ainsi, le château conjugue éléments défensifs hérités du Moyen Âge comme les douves, le pont-levis ou les tours carrées à un raffinement décoratif typique du style Louis XIII.


Dès que je franchis le pont au-dessus des douves, le ton est donné. À l’intérieur, le parcours de visite dévoile un enchaînement de pièces richement ornées. Les appartements du château furent conçus pour éblouir : plafonds peints avec du lapis-lazuli, boiseries sculptées rehaussées de feuilles d’or, mobilier précieux et décors allégoriques inspirés de la mythologie.


Je poursuis ma visite avec la chambre du marquis, où se dévoile l’intimité d’un seigneur du XVIIe siècle : lit à baldaquin, tapisseries murales, objets de toilette… tout ici illustre un art de vivre tourné vers le prestige et la représentation.


Mais au détour d’un escalier discret, le ton change. Je découvre l’ancienne prison du château. Sur les murs, quelques inscriptions … Ce contraste saisissant rappelle que derrière l’élégance des façades. Finalement, les lieux de pouvoir conservent leurs zones d’ombre.

À l’extérieur, les jardins à la française, patiemment recréés d’après des plans du XVIIe siècle, s’étendent sur près de dix hectares. C’est un lieu d’équilibre et de beauté, pensé pour flatter les sens et affirmer le goût de l’harmonie.


La visite est rendue encore plus vivante grâce à Anthony, le guide qui m’a accompagné avec enthousiasme. À travers ses récits, il fait revivre les intrigues de cour, les luttes de pouvoir, les alliances matrimoniales et les anecdotes de la noblesse bourguignonne. Une immersion historique passionnante ! Merci Anthony !


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L’Abbaye de Cluny

L’après-midi, je reprends la route en direction de Cluny, haut lieu du monachisme médiéval, à seulement quinze minutes de là. En approchant de la ville, je ressens déjà l’aura de ce lieu mythique, qui domina l’histoire religieuse de l’Occident pendant plusieurs siècles.


Fondée en 910 par Guillaume le Pieux, duc d’Aquitaine, l’abbaye de Cluny incarne une réforme spirituelle d’une ampleur inédite. Placée directement sous l’autorité du pape, et non des seigneurs locaux, elle devient un modèle pour plus de 1 200 monastères à travers l’Europe. Son rayonnement s’exerce dans les domaines spirituel, artistique, politique et économique.


La troisième abbatiale, dite Cluny III, construite à partir de 1088, fut pendant longtemps la plus grande église chrétienne du monde, dépassant même Saint-Pierre de Rome jusqu’au XVIe siècle. Longue de 187 mètres, elle impressionnait par sa nef à cinq vaisseaux, ses deux transepts monumentaux, son chœur élevé et ses tours élancées.



Si l’abbatiale fut en grande partie détruite à la Révolution — les pierres réutilisées pour construire la ville —, les vestiges encore visibles suffisent à en percevoir la grandeur passée. Je traverse la nef disparue, j’imagine la lumière filtrant par les hautes fenêtres, et je contemple les chapiteaux romans encore conservés dans le bras nord du transept. Les proportions, même incomplètes, m’impressionnent.


Mon guide, Jean-Luc, passionné et érudit, transmet la puissance du lieu. Il évoque le rôle central du chant grégorien à Cluny, la vie rythmée des moines bénédictins, mais aussi les figures politiques qui ont marqué son histoire : Richelieu et Mazarin, abbés commendataires, y voyaient autant un levier de pouvoir qu’un sanctuaire. Il t’explique comment Cluny a influencé l’architecture religieuse, l’organisation liturgique, et la pensée médiévale.


Enfin, la visite se termine dans une ambiance plus contemporaine. Une partie des bâtiments conventuels accueille aujourd’hui l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers, héritière des savoir-faire techniques, prolongeant à sa manière le rayonnement intellectuel du lieu.


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En fin de journée, je retourne à Azé, où m’attend le calme. Après cette plongée entre fastes aristocratiques et grandeur monastique, je savoure pleinement le silence du soir.


Jour 3 : La Bourgogne traverse les époques avec panache

La Roche de Solutré & la rencontre avec Marcel Brubach

La matinée commence par la rencontre de Marcel Brubach, vigneron passionné d’une petite exploitation familiale. Il prends le temps de m’expliquer le travail patient des ceps de chardonnay sur ces terres calcaires et il me fait déguster son Pouilly-Fuissé, reflet fidèle du terroir qu’il cultive avec fierté. Cet échange, simple et sincère, restera comme l’un des moments les plus humains de mon séjour.


Plus loin, une silhouette familière se découpe à l’horizon : la Roche de Solutré, immense éperon calcaire surgissant au cœur du vignoble mâconnais. Ce site emblématique de la Bourgogne du Sud, classé Grand Site de France, est bien plus qu’un simple paysage : il est un concentré d’histoire humaine.


Dès le Paléolithique supérieur, entre 25 000 et 15 000 av. J.-C., des chasseurs magdaléniens fréquentaient ce lieu pour ses ressources abondantes et sa position stratégique. Au pied de la roche, les fouilles archéologiques ont mis au jour des milliers d’ossements de chevaux, longtemps interprétés comme les restes de chasses collectives spectaculaires. Ce site a même donné son nom à une culture préhistorique : le Solutréen.


Mais au-delà de son importance archéologique, la Roche de Solutré est aussi entrée dans l’histoire contemporaine. François Mitterrand en fit un rituel annuel : chaque lundi de Pentecôte, il gravissait la roche entouré de sa famille et de ses proches. Ce geste simple est devenu un symbole républicain, une communion avec le sol et l’histoire de France.



Mâcon & le musée des Ursulines

En fin de matinée, direction Mâcon, capitale du sud de la Bourgogne. Traversée par la Saône, cette ancienne cité gallo-romaine (alors appelée Matisco) fut un carrefour commercial prospère sous l’Empire. Aujourd’hui, la ville conjugue modernité tranquille et héritage classique.


Si le centre-ville ne m’a pas entièrement séduite, le musée des Ursulines, installé dans un ancien couvent du XVIIe siècle, offre une belle surprise. Les collections permanentes traversent les âges : de l’archéologie gallo-romaine à l’art religieux médiéval, des sculptures bourguignonnes aux toiles romantiques.


Une salle entière est consacrée à Alphonse de Lamartine, né ici en 1790. Poète, diplomate, homme politique, il incarne le romantisme français dans ce qu’il a de plus lyrique et engagé. Ses manuscrits, portraits et objets personnels racontent une époque où la poésie se mêlait encore à l’action publique.


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Mais la vraie découverte, c’est une boutique cachée en plein centre : Aux Chemins de Traverses, dédiée à l’univers d’Harry Potter. Entre objets artisanaux, bijoux inspirés de Poudlard et grimoires décoratifs, ce lieu poétique et décalé fait souffler un vent de fantaisie sur la ville. Je te conseille de découvrir cette belle boutique et de prendre le temps d’échanger avec Nicolas, le propriétaire.



Berzé-la-Ville : la chapelle oubliée des moines de Cluny

Après une courte route sinueuse à travers les collines du Mâconnais, j’arrive à Berzé-la-Ville, village discret qui abrite l’un des trésors artistiques les plus méconnus de Bourgogne : la Chapelle des Moines.


Construite au XIe siècle par les abbés de Cluny pour servir de résidence d’été, la chapelle servait aussi de lieu de retraite spirituelle. Ce bâtiment modeste en apparence recèle des fresques exceptionnelles, miraculeusement conservées sous des couches de chaux jusqu’à leur redécouverte au XIXe siècle.


À l’intérieur, c’est un choc esthétique et spirituel : un Christ en majesté, entouré des symboles des évangélistes et des apôtres, trône dans une mandorle céleste. Les couleurs, les proportions, la symbolique : tout évoque la force visuelle du message clunisien, entre transcendance et pédagogie.


Le lieu est silencieux, presque désert. Le seul souffle perceptible est celui de l’histoire. Ici, dans cette chapelle oubliée, le génie spirituel de Cluny se manifeste sans mots, dans la pierre et la lumière.


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Berzé-le-Châtel : la forteresse vivante

Je reprends la route pour quelques minutes avant d’arriver à Berzé-le-Châtel, une imposante forteresse médiévale perchée sur un promontoire. Édifiée entre les XIe et XIVe siècles, la demeure fut conçue pour protéger Cluny des incursions venues du sud. Son plan concentrique, ses treize tours, ses trois enceintes successives en font un parfait exemple d’architecture militaire bourguignonne. Je visite le château avec plaisir avant de monter sur les remparts, d’où s’ouvre un panorama exceptionnel sur les monts du Mâconnais.


Mais ce jour-là, le château est animé par une reconstitution médiévale. Chevaliers en armure, archers, artisans en costume, conteurs d’histoire vivante… tout contribue à donner vie à ce monument chargé d’histoire. Les enfants croisent des dragons, les adultes échangent sur les savoir-faire d’antan. Ce fut un véritable enchantement !



En fin d’après-midi, je retourne à La Grange d’Azé, pour une dernière soirée dans ce lieu de calme. Le soleil décline sur les tours anciennes, et déjà, j’ai la nostalgie de ce joli coin de France.


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Là où l’Histoire touche le cœur

Alors que je referme cette parenthèse bourguignonne, un sentiment de plénitude m’envahit. La Bourgogne du Sud ne se donne pas d’un seul regard : elle se dévoile lentement, au rythme des pierres anciennes, des chemins bordés de vignes et des récits enfouis dans ses abbayes silencieuses. Chaque étape de ce voyage m’a ancrée un peu plus dans une histoire dense et vivante en m’offrant un lien tangible entre le sacré et le quotidien.


Ici, les paysages parlent autant que les monuments. À travers Cluny, Paray-le-Monial, Solutré, Berzé ou Cormatin, j’ai ressenti la force d’un héritage transmis avec pudeur mais toujours accessible à celui ou celle qui prend le temps d’écouter.


Je repars le cœur rempli de gratitude pour cette rencontre inattendue avec une région qui cherche à toucher. Si tu aspires à une échappée où le silence a du sens et où l’âme trouve un repos salvateur, alors prends le chemin de cette Bourgogne discrète. Elle t’attend, fidèle et généreuse, comme un livre ancien qu’on n’oublie plus une fois ouvert.


[Mise à jour : juillet 2025]

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