top of page

Week-end automnal dans le Jura

  • Lavoyageusebruchoise
  • 27 oct.
  • 9 min de lecture

Le Jura des grands lacs, territoire sauvage, m’a offert une échappée d’automne aux allures de Canada français. Cette région m’a séduit par la diversité de ses paysages mais aussi par la richesse de son patrimoine naturel et culturel.


Son histoire remonte à la Préhistoire : au bord du lac de Chalain, des villages sur pilotis témoignent d’une occupation humaine datant de plus de 5 000 ans. Au Moyen Âge, la reculée de Baume-les-Messieurs voit naître un monastère dont partiront les moines fondateurs de Cluny.. Plus tard, la maîtrise des eaux salées façonne l’économie de Lons-le-Saunier, tandis que les villages vignerons comme Château-Chalon bâtissent leur renommée autour du vin jaune, véritable trésor jurassien.


Jour après jour, j’ai parcouru des lieux jurassiens emblématiques. Chaque halte m’a invitée à plonger dans une page d’histoire, entre nature ressourçante, savoir-faire ancestral et héritage spirituel. Prépare-toi à une parenthèse inspirante, au cœur d’un Jura à la beauté discrète mais intense.



Jour 1 : Arbois, sur les pas de Louis Pasteur

Mon escapade commence à Arbois, petite ville pittoresque au cœur des coteaux jurassiens. J’y arrive en début d’après-midi, portée par une impatience joyeuse : celle de découvrir un lieu dont le nom est indissociable d’un homme qui a changé l’histoire de la science. Très vite, une atmosphère paisible m’enveloppe. Arbois m’a plu par son charme discret, ses ruelles bordées d’arcades et son église Saint-Just, dont le clocher roman domine la ville depuis le XIIe siècle.


C’est avant tout pour marcher dans les pas de Louis Pasteur que j’ai choisi de commencer mon voyage ici. Né à Dole en 1822, il a passé une grande partie de sa vie à Arbois. D’ailleurs, La maison Pasteur, conservée telle qu’il l’a connue au XIXe siècle, est un lieu de mémoire émouvant, qui raconte la passion d’un savant pour la science mais aussi son attachement profond à cette terre jurassienne.


Derrière la façade sobre, le temps semble suspendu. La maison de Pasteur est restée intacte, avec sa vaisselle typique, son magnifique billard et ses instruments d’expérimentation. Dans le laboratoire attenant, il mena des recherches décisives sur la fermentation et la pasteurisation, autant d’avancées qui allaient bouleverser la médecine et l’industrie alimentaire. On y découvre aussi l’homme derrière le scientifique : le mari attentionné, l’ami fidèle, le citoyen engagé. La visite est bouleversante de simplicité et d’humanité et l’on mesure ici l’ampleur du génie qui, parti d’un petit coin de Franche-Comté, a laissé son empreinte sur le monde entier.



Je prolonge la visite par une balade dans les rues d’Arbois. Sur la place centrale, les terrasses accueillent les visiteurs autour d’un verre de vin local, reflet de l’un des autres trésors de la ville. En effet, Arbois est aussi la capitale des vins du Jura, notamment du savagnin, cépage emblématique utilisé pour le célèbre vin jaune. Dans les caves et les boutiques, les producteurs partagent avec passion leur savoir-faire, fruit d’un terroir façonné par des siècles de patience.


Avant de reprendre la route, je fais une halte gourmande à la Chocolaterie Hirsinger, une institution familiale fondée en 1900. Ici, les chocolats sont de véritables œuvres d’art, sublimés par des saveurs locales comme la noix, le miel ou le marc du Jura. Une adresse incontournable pour les amateurs de douceurs.


En fin d’après-midi, je quitte Arbois pour rejoindre Blye, charmant village situé à une quarantaine de minutes de route. C’est ici que m’attend mon hébergement pour les trois prochaines nuits : Le Ronsard, une élégante maison d’hôtes nichée au cœur de la campagne jurassienne. La bâtisse, rénovée avec soin, offre un cocon de confort et d’authenticité. L’accueil chaleureux de Gigi et Patrick, les petits déjeuners gourmands composés de produits locaux et la quiétude des lieux en font une adresse idéale pour rayonner dans la région.


ree

Jour 2 : Du lac de Chalain à Lons-le-Saunier

La journée commence tôt, dans la lumière douce d’un matin d’automne. Je prends la route peu après huit heures, direction l’un des joyaux naturels du Jura : le lac de Chalain. La vue s’ouvre sur un vaste miroir turquoise lové dans un écrin de forêts aux couleurs chatoyantes. C’est sans doute l’un des plus beaux lacs naturels de France et certainement l’un des plus emblématiques du Jura.


Formé il y a près de 20 000 ans à la fin de la dernière glaciation, Chalain doit sa couleur si particulière à la composition calcaire de ses eaux. Mais sa beauté ne se limite pas à son apparence : les berges du lac abritent les vestiges d’anciens villages palafittiques, des habitats sur pilotis construits dès le Néolithique, il y a plus de 5 000 ans. Classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, ces sites témoignent de la présence humaine dès la Préhistoire et rappellent que l’homme a toujours été intimement lié à ce paysage.


Je choisis de découvrir le lac de Chalain à pied. La randonnée, longue d’environ six kilomètres, est un enchantement à chaque pas. Le chemin serpente entre forêts et belvédères surplombant le lac, offrant des points de vue à couper le souffle sur ses eaux d’un bleu profond. L’air est frais et les reflets changeants du lac se marient aux feuillages flamboyants de l’automne; un tableau qui évoquent sans peine les paysages canadiens.


ree

En fin de matinée, je reprends la route vers Lons-le-Saunier, capitale du Jura et unique véritable ville de ce département. Fondée à l’époque romaine sous le nom de Ledo salinarius en raison de ses sources salées, Lons doit depuis toujours son développement à l’exploitation du sel, longtemps surnommé « l’or blanc ». Au fil des siècles, l’eau salée a façonné son économie, ses paysages et son identité.


Je prends le temps de déjeuner au coeur d’une petite adresse pépite : la douce heure.


L’après-midi, je visite La Maison de La Vache qui rit, un lieu ludique consacré à la célèbre marque jurassienne, née ici en 1921. Ce moment est une belle plongée dans l’histoire industrielle et publicitaire du XXe siècle, racontée à travers des objets iconiques, des affiches d’époque, des archives sonores et des expériences interactives. On y découvre comment Léon Bel, fromager visionnaire, a inventé un produit qui allait devenir un symbole mondial d’enfance. La scénographie colorée et pleine d’humour plaira autant aux familles qu’aux amateurs d’histoire du quotidien.


Malheureusement, hors saison, la Maison de Rouget de Lisle, modeste demeure natale de l’auteur de La Marseillaise, n’est pas ouverte à la visite. Né à Lons-le-Saunier en 1760, Claude Joseph Rouget de Lisle composa ce chant révolutionnaire devenu notre hymne national en 1792. Dans cette maison transformée en musée, manuscrits, partitions originales et portraits retracent le destin singulier de cet officier poète. Ce sera pour une prochaine escapade jurassienne !


La fin d’après-midi est consacrée à flâner dans les rues de Lons-le-Saunier, à la découverte de son patrimoine architectural. Je m’attarde sur la place de la Liberté, élégante avec ses façades colorées et ses arcades puis je pousse la porte de l’église des Cordeliers, qui abrite un superbe retable baroque. Les boutiques d’artisans, les librairies et les salons de thé animent gaiement le centre-ville. Lons-le-Saunier a ce charme discret des villes de province au riche passé, où chaque rue raconte une histoire.



En fin d’après-midi, je reprends la route vers Blye. La lumière décline et le Jura se pare de ses plus beaux atours d’automne. Il est temps de savourer une soirée paisible, enveloppée par le silence de la campagne. La journée a été intense et demain, d’autres merveilles m’attendent.


Jour 3 : Des cascades du Hérisson à Baume-les-Messieurs

Le troisième jour de ce séjour jurassien s’ouvre sur une promesse d’émerveillement. À huit heures, je quitte le logement en direction l’un des sites naturels les plus emblématiques du Jura : les cascades du Hérisson. Après une courte route, j’atteins le parking de départ. Déjà, le murmure de l’eau se fait entendre au loin, comme une invitation à suivre son cours.


Dès les premiers pas, le spectacle est saisissant. La randonnée longe la rivière sur près de quatre kilomètres, dévoilant une succession de chutes d’eau aux noms énigmatiques: l’Éventail, le Grand Saut, le Saut de la Forge… La plus impressionnante est sans doute l’Éventail, avec ses 65 mètres de hauteur. L’eau s’y déploie en une fine dentelle sur la roche calcaire. Plus loin, le Grand Saut plonge d’un seul élan dans un vacarme puissant et l’on se sent minuscule face à la force de la nature.


J’avance lentement, m’arrêtant souvent pour observer, écouter et respirer. L’automne sublime encore ce lieu déjà magique : les érables rougissent, les hêtres s’embrasent d’or et les éclats de lumière dansent sur l’eau en mouvement. C’est une randonnée qui ne se raconte pas, elle se vit, les sens en éveil. On comprend pourquoi le Hérisson — dont le nom viendrait du vieux mot « Yrisson », signifiant « eau vive » — est considéré comme l’un des joyaux naturels de France.



Après cette marche ponctuée d’arrêts contemplatifs, je reprends la route en direction d’un autre site incontournable : Baume-les-Messieurs, classé parmi les plus beaux villages de France. Situé au fond d’une reculée spectaculaire ce village semble protégé du temps et du tumulte. En arrivant, je suis émerveillée par la beauté du panorama : les hautes parois calcaires forment un amphithéâtre naturel et le village s’y blottit paisiblement, entouré de belles forêts.


Avant de me plonger dans la découverte de ce lieu magnifique, je marque une pause bienvenue au café de l'abbaye, où je savoure un repas délicieux et réconfortant qui me permet de reprendre des forces pour la suite de ma visite.


Je commence ma découverte par l’abbaye bénédictine de Baume-les-Messieurs, fondée au IXe siècle. C’est d’ici que partit Bernon, le premier abbé, pour fonder l’abbaye de Cluny, dont l’influence allait rayonner sur toute l’Europe médiévale. Cette abbaye, longtemps considérée comme la « mère » de Cluny, conserve un patrimoine exceptionnel. Son église romane abrite un retable flamand du XVIe siècle, chef-d’œuvre d’art sacré, et ses bâtiments monastiques racontent plus d’un millénaire d’histoire spirituelle. On ressent ici la puissance des lieux habités par la prière et la méditation depuis des siècles.


Je poursuis ensuite ma visite par la cascade des Tufs, une merveille de poésie naturelle. L’eau surgit de la roche en fines draperies translucides, glissant sur les mousses et les dépôts de tuf qui lui ont donné son nom. En automne, les tons ocres de la végétation contrastent avec l’éclat cristallin de l’eau, créant un tableau digne d’un conte. C’est un lieu qui invite à la contemplation, où j’aurai pu rester des heures à écouter le murmure incessant de la cascade.


Avant de repartir, je flâne dans les ruelles paisibles du village. Les maisons aux façades de pierre blonde, les petits ponts qui enjambent les ruisseaux, les potagers clos de murets racontent une vie authentique - comme je l’aime !



Aujourd’hui, j’ai découvert que le Jura est un endroit merveilleux où la nature sauvage conte une histoire millénaire. La soirée s’annonce paisible, enveloppée par la lumière dorée du crépuscule qui descend sur la campagne.


Jour 4 : Château-Chalon, le berceau du vin jaune

Pour ce dernier matin dans le Jura, je prends la route jusqu’à découvrir la silhouette de Château-Chalon dominant la vallée de la Seille depuis son promontoire rocheux.


Classé parmi les Plus Beaux Villages de France, Château-Chalon est souvent décrit comme le berceau du vin jaune, ce nectar emblématique du Jura élevé plus de six ans en fût avant d’être mis en bouteille. Mais ce village ne se résume pas à sa renommée viticole : il incarne toute l’âme de cette région, entre architecture traditionnelle et douceur de vivre. C’est une bien jolie conclusion pour un week-end jurassien.


Je me laisse guider par les ruelles pavées. Partout, des points de vue à couper le souffle s’ouvrent sur les vignes en terrasses et la vallée en contrebas. La lumière matinale baigne les paysages d’un voile doré et je comprends pourquoi tant de peintres et d’écrivains ont trouvé ici une source d’inspiration.


L’histoire de Château-Chalon est intimement liée à celle de son abbaye bénédictine, fondée au VIIe siècle par sainte Odile - qui est aussi la patronne de ma chère Alsace. Pendant des siècles, les moniales ont façonné le territoire, développant la culture de la vigne et contribuant à la réputation des vins du Jura.


Je termine ma visite par une halte dans une cave locale, où l’on me fait déguster ce fameux vin jaune, aux arômes puissants de noix et d’épices, fruit d’un savoir-faire ancestral. C’est une expérience qui clôture parfaitement ce séjour : une gorgée de terroir.



Le Jura, là où la nature rencontre l’histoire

En refermant cette parenthèse jurassienne, je garde l’impression d’avoir traversé un territoire où la nature et l’histoire se répondent sans cesse. Ici, les eaux bondissantes des cascades du Hérisson racontent la patience du temps, les reculées profondes comme celle de Baume-les-Messieurs témoignent d’une géologie millénaire et les villages perchés comme Château-Chalon rappellent combien les hommes ont su s’adapter à ces paysages grandioses tout en les magnifiant.


Ce voyage fut une succession d’émotions inattendues : une grand respect dans la maison de Pasteur à Arbois, une profonde quiétude face aux eaux turquoise du lac de Chalain, un regain d’énergie aux cascades du Hérisson ou encore une belle sérénité au sein de l’abbaye de Baume-les-Messieurs. Le Jura ne cherche pas à impressionner : il se révèle doucement, à celui ou celle qui prend le temps d’écouter son histoire.


Je repars de ces quatre jours avec la sensation d’avoir approché une terre authentique et profondément attachante. À ton tour, laisse-toi séduire par ce joli coin de paradis : tu n’y vivras pas seulement une escapade mais une véritable rencontre.


ree

[Mise à jour : 27/10/2025]

Commentaires


Envie de prolonger l'évasion ?

Rejoins-moi sur Instagram où je partage des instants de mes aventures et des anecdotes qui font revivre l’Histoire et ses personnages marquants.

bottom of page