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Week-end à Athènes

  • Lavoyageusebruchoise
  • 12 avr.
  • 19 min de lecture

En cette belle soirée d’avril l’air frais du printemps glisse sur les collines grecques et une senteur subtile de jasmin flotte dans les rues d’Athènes. Je déambule lentement dans les ruelles pavées du quartier de Pláka, les yeux un peu embrumés par le voyage : me voilà au cœur d’une ville mythique, berceau de la démocratie et de la pensée occidentale, à la fois millénaire et résolument vivante.


À chaque coin de rue, des chats paresseux se chauffent au soleil, les façades pastel des maisons néoclassiques évoquent un passé élégant et le regard est inlassablement attiré par cette silhouette familière, imposante, presque irréelle : l’Acropole. Comme un phare, elle surplombe la ville avec une majesté tranquille.


Athènes n’est pas de ces villes qu’on effleure en coup de vent. Ici, les mythes se glissent dans la moindre fissure des murs et chaque pas te fait vaciller entre présent et passé. Ce week-end prolongé m’offre une parenthèse hors du temps, une immersion dans un patrimoine dense et sublime … comme je l’aime !


Mais au-delà de ses temples et de ses musées, Athènes m’enchante aussi par ses contrastes : les musiciens dans les rues de Monastiraki, les expositions contemporaines nichées dans des bâtisses byzantines, les terrasses de Psyrí où l’on boit un café frappé en écoutant le brouhaha des conversations locales.


Athènes ne se dévoile pas tout de suite. Elle exige qu’on prenne le temps de l’écouter, de la regarder, de s’en imprégner. Et c’est précisément ce que je te propose dans cet article : un voyage authentique et inspirant. Entre passé glorieux et présent chaleureux, prépare-toi à vivre Athènes intensément.



Athènes, des dieux de l’Olympe à l’Europe contemporaine

Athènes s’invoque comme un mythe, s’étudie comme une énigme et se contemple comme un livre ouvert sur l’histoire du monde occidental. Voici le récit de son incroyable traversée des siècles.


Les origines (mythologiques) d’Athènes

Bien avant que les colonnes du Parthénon ne se dressent vers le ciel, l’Acropole était un refuge naturel, un promontoire habité dès le Néolithique. Dès le XIIIe siècle av. J.-C., les Mycéniens y installent une première forteresse. La ville est encore modeste, mais déjà stratégique : elle contrôle la plaine attique et regarde vers la mer.


La légende parle d’un duel céleste : Athéna et Poséidon, chacun prêt à offrir un don aux hommes, disputent la protection de la cité naissante. L’un fait jaillir une source d’eau salée, l’autre plante un olivier. Les habitants choisissent la promesse de l’arbre, symbole de paix et de subsistance. Athéna triomphe, la ville porte son nom. Aujourd’hui encore, un olivier sacré pousse au sommet de l’Acropole pour témoigner de cette fondation divine.


Aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C., Athènes adopte les formes d’une polis grecque : une cité organisée autour d’une agora - un espace public et politique - et d’un pouvoir partagé. Le poids de l’aristocratie s’effrite lentement. En 621 av. J.-C, Dracon rédige les premières lois écrites. Puis, en 594 av. J.-C., Solon réforme la structure sociale, abolit l’esclavage pour dette, et jette les bases d’un régime plus ouvert. Ce n’est pas encore la démocratie, mais c’en est déjà le ferment.


Naissance de la démocratie à Athènes

Au Ve siècle av. J.-C., l’Histoire bascule. Les Athéniens résistent aux Perses à Marathon et ils triomphent à Salamine grâce à leur flotte. Leur ville est détruite mais leur prestige décuplé. À partir de 477 av. J.-C, Athènes prend la tête de la Ligue de Délos : une alliance militaire qui deviendra rapidement un empire maritime. La cité s’enrichit et rayonne. Sous Périclès, élu stratège presque sans discontinuer de 461 à 429 av. J.-C., Athènes devient une capitale forte. Il lance un programme architectural sans précédent sur l’Acropole : le Parthénon, les Propylées, l’Érechthéion, le temple d’Athéna Nikè. La ville devient un modèle.


Mais c’est dans la parole que réside l’autre révolution. La démocratie directe, réservée aux citoyens libres, s’impose comme système politique. Dans l’Ecclésia, on débat, on vote, on gouverne. Dans l’Agora, on échange et on pense. Socrate y interroge le monde ; Platon le structure ; Aristophane en rit. C’est un temps où l’intelligence façonne la cité. Mais les tensions internes et la rivalité avec Sparte précipitent la guerre du Péloponnèse. En 404 av. J.-C, Athènes capitule. Son empire est dissous, sa démocratie suspendue. Socrate est condamné à mort. L’éclat du Ve siècle s’éteint, non sans laisser une trace indélébile dans la mémoire du monde.


Statut de Socrate sur l'agora antique d'Athènes
Statut de Socrate | Agora antique d'Athènes | Priscilia K. | Avril 2025

Athènes, ville de savoir sous la domination romaine

Privée de puissance politique, Athènes devient une capitale de l'esprit. Après la mort d'Alexandre le Grand en 323 av. J.-C., bien qu'elle reste une cité libre, elle se trouve marginalisée face à l'émergence des grandes monarchies hellénistiques qui dominent désormais le paysage politique. Pourtant, son aura culturelle s'intensifie. Des quatre coins du bassin méditerranéen, philosophes et penseurs convergent vers ses écoles prestigieuses pour y étudier la logique, la rhétorique, et la philosophie dans leurs formes les plus raffinées. Ses académies deviennent les gardiennes d'un savoir millénaire.


Lorsque Rome annexe la Grèce au IIe siècle av. J.-C., Athènes se métamorphose en une ville de prestige incontournable. L'élite romaine considère désormais un séjour d'études dans la cité comme le passage obligé d'une éducation accomplie. Cicéron, Hadrien, Marc Aurèle y séjournent, attirés par l'excellence de son enseignement et son atmosphère intellectuelle unique. Ce dernier y reçoit même l'enseignement des stoïciens, marquant profondément sa philosophie et sa future gouvernance de l'Empire.


Sous le règne d'Hadrien, la ville bénéficie d'un renouveau monumental spectaculaire qui témoigne de l'admiration profonde que lui porte l'empereur philhellène : une majestueuse bibliothèque aux colonnes de marbre de Phrygie, un aqueduc imposant qui garantit l'approvisionnement en eau de la cité, et surtout le temple de Zeus Olympien – le plus vaste du monde grec, dont l'achèvement, presque 600 ans après sa fondation, couronne la renaissance architecturale de la ville.


Athènes se transforme en un musée vivant où la grandeur passée dialogue avec le présent, sublimée par l'admiration sincère que lui vouent les Romains.


Athènes byzantine : la cité oubliée sous l’Empire chrétien

Le IVe siècle marque un tournant décisif avec l'émergence d'un nouvel empire chrétien, dont le cœur bat désormais à Constantinople. Athènes, gardienne millénaire de la pensée païenne et des traditions philosophiques, se trouve progressivement plongée dans une période d'obscurité prolongée. En 529, un événement capital bouleverse la ville : l'empereur Justinien ordonne la fermeture définitive des écoles philosophiques, mettant ainsi fin à l'existence de l'illustre Académie de Platon qui, pendant neuf siècles, avait été le phare intellectuel du monde antique. Dans toute la cité, les transformations s'accélèrent : les temples païens, jadis centres de la vie spirituelle grecque, sont méthodiquement convertis en églises chrétiennes. Le Parthénon lui-même, symbole de la grandeur athénienne, devient l'église Sainte-Sophie.


Peu à peu, la ville autrefois rayonnante se replie sur elle-même, survivant modestement grâce à son rôle de siège épiscopal. Seules quelques modestes églises byzantines, parmi lesquelles on compte la Kapnikaréa et la Panaghia Gorgoepikoos, subsistent. L'ancienne Agora, jadis cœur vibrant de la démocratie athénienne, se transforme en simple zone de pâturage, tandis que les monuments prestigieux s'effacent lentement sous les couches successives de poussière. L'illustre cité n'est plus désormais qu'un humble village byzantin, agrippé aux flancs de sa colline historique.




Athènes sous la domination ottomane

Lorsque les Ottomans s'emparent de la ville en 1456, Athènes est déjà largement oubliée de l'Europe, réduite à l'état d'une bourgade provinciale loin des grands centres de pouvoir. Le Parthénon, symbole majestueux de l'antiquité, est transformé en mosquée, alors qu'une fontaine ottomane est installée au centre de l'Erechthéion.


Mais ce sont les Vénitiens qui infligeront le coup le plus destructeur à ce patrimoine millénaire. En 1687, durant le siège acharné de l'Acropole par les forces vénitiennes, un obus tragiquement lancé explose dans le Parthénon, alors utilisé par les Ottomans comme dépôt de munitions et de poudre. L'édifice, qui avait traversé intact plus de deux millénaires d'histoire, est brutalement éventré, ses colonnes majestueuses désormais brisées. Cette catastrophe monumentale a paradoxalement pour effet de réveiller l'intérêt de l'Europe pour ce joyau architectural oublié.


Dès le XVIIIe siècle, une procession continue de voyageurs, d'artistes et d'intellectuels européens – parmi lesquels on compte les célèbres Lord Byron et James Stuart – commence à visiter Athènes, s'appliquant à dessiner méticuleusement ses ruines et nourrissant le rêve romantique d'un retour à la splendeur de l'époque classique. C'est dans ce contexte que Lord Elgin, ambassadeur britannique auprès de l'Empire ottoman, prélève systématiquement entre 1801 et 1812 les célèbres frises du Parthénon, œuvres magistrales aujourd'hui encore conservées au British Museum de Londres.


Athènes, capitale de la Grèce moderne depuis 1834

Après la guerre d'indépendance (1821-1830), qui marque la libération du joug ottoman, la Grèce émerge enfin comme un État souverain indépendant. Athènes, qui n'était alors qu'une modeste bourgade d'à peine 5000 habitants, est choisie comme capitale du nouveau royaume en 1834. Le roi Otto, jeune prince bavarois de 17 ans, entreprend une ambitieuse transformation urbaine pour donner à la ville l'allure d'une capitale européenne moderne. Il confie cette mission à des architectes allemands renommés, chargés de redessiner entièrement la ville selon les standards néoclassiques de l'époque. Leurs réalisations marquantes incluent le majestueux palais royal qui abrite aujourd'hui le Parlement, l'université néoclassique et plusieurs musées prestigieux.


Acropole | Athènes | Priscilia K. | 2025
Acropole | Athènes | Priscilia K. | 2025

Athènes connaît alors une métamorphose spectaculaire, s'agrandissant et s'embellissant tout en préservant précieusement son héritage antique. Un vaste programme de fouilles archéologiques est lancé : les ruines ensevelies sont méticuleusement dégagées et étudiées, l'Acropole fait l'objet d'une restauration minutieuse et l'ancienne Agora est systématiquement fouillée. La ville se transforme en un immense chantier archéologique qui attire les savants de toute l'Europe, fascinés par ces vestiges de l'Antiquité qui refont surface. Parallèlement à cette renaissance culturelle, Athènes connaît une croissance démographique et économique sans précédent. Elle s'industrialise progressivement, développe ses infrastructures, et s'ouvre aux influences internationales, devenant peu à peu une véritable métropole méditerranéenne.


Le XXe siècle à Athènes : de la douleur à la résilience

Le XXe siècle marque une période particulièrement tumultueuse pour Athènes. La ville traverse deux conflits mondiaux dévastateurs qui bouleversent profondément son tissu social et urbain. L'exode tragique des Grecs d'Asie Mineure en 1922, fuyant les persécutions, provoque un afflux massif de réfugiés qui cherchent refuge dans la capitale. Plus tard, la sombre période de la dictature des colonels (1967-1974) impose son empreinte autoritaire sur la ville. Des quartiers entiers émergent de manière spontanée et désordonnée pour accueillir les populations déplacées. Le centre historique subit une densification accélérée et parfois anarchique, conduisant malheureusement à la destruction ou à la détérioration de certains éléments précieux du patrimoine architectural.


Mais Athènes résiste. Elle accueille les premiers Jeux olympiques modernes en 1896, puis ceux de 2004. Ces derniers donnent lieu à une requalification urbaine majeure : création de zones piétonnes, modernisation des transports, inauguration du Musée de l’Acropole. L’héritage ancien dialogue à nouveau avec le présent.


Athènes aujourd’hui : capitale méditerranéenne plébiscitée

Aujourd'hui, Athènes se présente comme une métropole aux multiples visages, une ville qui ne fait pas de compromis avec son identité. Elle ne cherche pas à séduire artificiellement ses visiteurs, elle s'impose naturellement par sa présence authentique et son caractère affirmé. Elle assume pleinement son histoire, portant avec fierté les traces de son passé glorieux comme celles de ses moments plus sombres et regarde vers l'avenir avec détermination. C'est une ville qui se découvre pas à pas, qui se lit comme un livre aux multiples chapitres, qui s'arpente avec curiosité et émerveillement. En avant pour la visite …



Itinéraire de 4 jours à Athènes

Pour profiter pleinement d’Athènes, il faut marcher, observer, se perdre un peu. Voici un itinéraire pensé pour te plonger, jour après jour, dans les différentes strates de la capitale grecque. Un programme équilibré entre monuments antiques, découvertes culturelles et quartiers authentiques.


Jour 1 : Premiers instants à Athènes

Ton avion atterrit à l’aéroport Elefthérios-Venizélos et en moins d’une heure en métro (ligne 3, direction "Dimotiko Theatro"), tu pourras rejoindre la station Syngrou-Fix, au sud de l’Acropole. Si tu voyages léger, tu peux rejoindre ton hébergement à pied. Sinon, les taxis sont nombreux à la sortie des stations. Une fois installé, prends un moment pour souffler. Le soleil d’avril est doux, les odeurs de jasmin flottent dans les ruelles et déjà la ville t’appelle.


Pour cette première après-midi, je te propose une balade dans le quartier de Pláka, souvent surnommé "le village dans la ville". Niché au pied de l’Acropole, c’est l’un des plus anciens quartiers d’Athènes, habité sans interruption depuis l’Antiquité. Ses ruelles pavées serpentent entre des maisons néoclassiques aux façades pastel, des jardins fleuris, des escaliers ornés de mosaïques et des places paisibles où résonnent les cloches d’églises byzantines. Tu passes devant les colonnes de l’Agora romaine, longes des murs ottomans, croises une fontaine vénitienne avant de tomber sur une boutique de sandales artisanales. Tout un monde de contraste ! N’hésite pas à t’arrêter à l’ombre de l’église des Saints-Apôtres ou à boire un café grec en observant les passants. Pláka est un quartier qui vit … pleinement avant de rejoindre ton logement pour une première nuit reposante.


Quartier de Plakà | Athènes | Priscilia K. | 2025
Quartier de Plakà | Athènes | Priscilia K. | 2025

Jour 2 : Athènes, capitale sacrée

Commence ta matinée par la visite de l’Acropole, véritable sanctuaire à ciel ouvert. Le mot "Acropole" signifie littéralement "la ville haute", dédiée aux dieux. Dès l’entrée, les Propylées, ces grandes portes monumentales, t’accueillent comme un seuil solennel vers un autre temps. Le site est dominé par le Parthénon, symbole universel de l’harmonie classique. Construit entre 447 et 432 av. J.-C., il abritait jadis la statue colossale d’Athéna Parthénos, réalisée par Phidias. Ce temple dorique, aux proportions mathématiquement idéales est l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’architecture antique. Même partiellement ruiné, il impose le silence. Non loin de là, l’Érechthéion te surprendra par son plan irrégulier et ses fameuses Cariatides, ces statues féminines qui soutiennent avec élégance un portique sculpté. Le temple est construit sur un sol inégal car il abrite plusieurs lieux de cultes superposés : celui d’Athéna, mais aussi celui de Poséidon et du roi mythique Érechthée. Poursuis ta visite en direction du temple d’Athéna Nikè, tout en finesse, érigé pour célébrer la victoire contre les Perses. Puis descends lentement vers le Théâtre de Dionysos, berceau du théâtre grec. C’est ici qu’ont été jouées pour la première fois les tragédies d’Eschyle ou d’Euripide, devant des foules de milliers de spectateurs. Juste à côté, l’Odeon d’Hérode Atticus, édifié au IIe siècle, accueille encore aujourd’hui des concerts à ciel ouvert. Le billet combiné coûte 30€ pour un adulte de plus de 25 ans, valable pour sept sites antiques (réserve-le ici). L'Acropole est ouverte tous les jours de 8h00 à 19h30 (dernière entrée à 19h00). Je te recommande vivement d'arriver dès l'ouverture pour profiter de la lumière du matin et éviter la foule. Adopte de bonnes chaussures car la pierre glisse parfois.



Après la visite du site, tu mérites une pause. Pour le déjeuner, installe-toi à la brasserie du musée, avec sa terrasse panoramique sur l’Acropole. La cuisine est simple, fraîche, et les prix raisonnables pour un lieu aussi central. Ou, pour plus d’authenticité, file chez Théa, une taverne voisine très sympathique.


Après t’être restauré, prends le temps de déambuler le Musée de l’Acropole, situé juste en contrebas. Ouvert depuis 2009, ce bâtiment de verre et de béton conçu par Bernard Tschumi est un modèle d’architecture contemporaine au service de l’histoire. Dès l’entrée, tu marches littéralement au-dessus des vestiges d’un quartier antique, visibles à travers un sol transparent. Le parcours muséal suit la topographie de l’Acropole : d’abord les objets de la pente sud, puis les statues archaïques, les frises votives et enfin l’étage panoramique où sont exposées les sculptures du Parthénon dans leur configuration originelle. Parmi les pièces incontournables : la Korè au péplos, la frise des Panathénées, et surtout la galerie des Cariatides, présentées dans une lumière latérale qui rappelle leur emplacement d’origine. Une place est laissée vide pour chaque statue encore conservée au British Museum. Le musée est ouvert tous les jours, sauf le lundi, de de 9h00 à 20h00. L’entrée est à 20 € pour les adultes de plus de 25 ans. Réserve ton billet sur www.theacropolismuseum.gr. Pour enrichir ta visite, tu peux louer un audioguide en français ou rejoindre une visite guidée en petit groupe.


En fin de journée, opte pour un lieu plus discret mais non moins symbolique : la prison supposée de Socrate, creusée à flanc de colline sur les pentes de Philopappos. Tu n’y trouveras ni file d’attente, ni billet à acheter, ni panneau explicatif. Juste deux cavités dans la roche, nues, presque anonymes. Selon la tradition orale, c’est ici que le philosophe Socrate aurait passé ses derniers jours, en 399 av. J.-C., condamné pour avoir "corrompu la jeunesse" et introduit de nouveaux dieux. Il y aurait bu la ciguë, conformément à la loi athénienne, refusant de fuir ou de renier sa pensée. Même si les historiens restent prudents quant à l’authenticité du site, le lieu invite au recueillement et à la réflexion sur la liberté - tellement d’actualité.


Termine ta journée par une parenthèse inattendue : une balade dans le quartier d’Anafiotika, niché sur le versant nord de l’Acropole. Construit au XIXe siècle par des artisans venus de l’île d’Anafi, ce petit quartier reproduit fidèlement l’architecture des Cyclades : maisons blanchies à la chaux, volets bleus, ruelles étroites qui serpentent entre les rochers et les figuiers. Le quartier ne compte que quelques dizaines d’habitants. Il n’y a ni boutiques, ni restaurants. Seulement le calme, la lumière dorée et une vue sur les toits de Pláka et les collines environnantes. L’idéal est d’y monter en fin de journée, quand le soleil descend lentement derrière la colline de Lycabette. C’est un moment de grâce, hors du temps … savoure-le avant de rejoindre ton logement pour te reposer.



Jour 3 : Athènes, berceau de la démocratie

Commence ta journée par la visite de l’Agora antique, située au nord-ouest de l’Acropole. C’est ici, au cœur de la vie publique, que battaient les débats de la démocratie naissante. L’Agora était un lieu de parole, d’échange et de décision. Aristote, Platon, et bien sûr Socrate, y ont marché, questionné, enseigné. En entrant par la porte de l’ancienne rue des Panathénées, tu découvriras la Stoa d’Attale, vaste galerie à colonnes reconstituée dans les années 1950 grâce à un financement américain. Elle abrite aujourd’hui le musée de l’Agora, où sont exposés des objets de la vie politique athénienne : des urnes de vote ou des fragments de lois gravées dans la pierre. Poursuis vers le Temple d’Héphaïstos, magnifiquement conservé. Édifié entre 449 et 415 av. J.-C., ce temple dorique dédié au dieu du feu et des forgerons est l’un des mieux préservés de toute la Grèce antique. Son toit est toujours en place et tu peux en faire le tour pour admirer ses proportions harmonieuses et les métopes sculptées représentant les exploits d’Héraclès et de Thésée. Non loin de là, les ruines du Bouleutérion rappellent l’existence du Conseil des 500, l’organe politique central de la démocratie athénienne. L’espace, bien que modeste, est chargé de sens : ici se décidaient les lois qui allaient structurer la cité. L’entrée à l’Agora est incluse dans le billet combiné des sites antiques. Le site est accessible tous les jours de 8h00 à 20h00 en saison.



À midi, dirige-toi vers les ruelles de Monastiraki, à deux pas. Je te recommande de t’arrêter chez Moma, une adresse parfaite pour une pause gourmande. Tu y trouveras de savoureuses spécialités grecques. L’ambiance est conviviale, les portions généreuses et le service attentionné.


L’après-midi, offre-toi un peu de détente en te rendant au Jardin national, situé derrière le Parlement sur l’avenue Amalias. Ce vaste parc de 15 hectares fut conçu au XIXe siècle à la demande de la reine Amalia. C’est un lieu paisible, ombragé, où les Athéniens viennent marcher, lire, ou discuter au calme, loin de l’agitation de la ville. Le jardin abrite plus de 500 espèces végétales venues du monde entier, des fontaines, une petite volière, un étang aux canards, ainsi qu’un coin bibliothèque pour les enfants. En te promenant, tu tomberas peut-être sur une colonne corinthienne perdue dans la verdure ou un buste antique oublié près d’un banc. Le parc est gratuit et ouvert tous les jours de l’aube au crépuscule. C’est le lieu idéal pour digérer tout en profitant de la douceur athénienne.


À quelques minutes à pied du Jardin national se trouve un monument unique : le Stade panathénaïque, également appelé Kallimarmaro, littéralement « tout en marbre ». Construit au IVe siècle av. J.-C. sur l’ordre de Lycurgue, il accueillait les Panathénées, grandes fêtes en l’honneur d’Athéna. Il fut restauré à la fin du XIXe siècle pour accueillir les premiers Jeux olympiques modernes en 1896. Le stade, en forme de fer à cheval, peut contenir jusqu’à 60 000 spectateurs. En te plaçant sur les gradins, tu auras une vue saisissante sur la piste blanche et, en toile de fond, la colline d’Ardittos. L’architecture, intégralement en marbre pentélique, donne au lieu une pureté rare. Une visite audioguidée t’explique l’évolution des jeux antiques aux Jeux modernes. Tu peux même t’élancer sur la piste ne serait-ce que pour le geste. L’entrée coûte 10 € (réduction à 5 € pour les étudiants). Le site est ouvert de 8h00 à 19h00.


Pour terminer ta journée, dirige-toi vers Psyrí, l’un des quartiers les plus vivants et authentiques de la capitale. Ce quartier, autrefois ouvrier et artisanal, a connu un véritable renouveau dans les années 2000. Aujourd’hui, ses ruelles étroites sont tapissées de fresques de street art, de cafés alternatifs, d’ateliers d’artisans et de petits bars aux éclairages doux. L’ambiance y est bohème, joyeuse, parfois un peu anarchique – mais toujours accueillante. Les Athéniens s’y retrouvent pour écouter du rebetiko, la musique populaire grecque aux accents orientaux ou pour discuter tard autour d’un verre d’ouzo ou de raki.


Je te recommande pour le dîner Oineas Restaurant, une taverne raffinée qui marie tradition et créativité, avec une carte inspirée des recettes régionales grecques. Le décor est chaleureux, les assiettes copieuses, et la carte des vins très bien pensée. Si tu as encore un peu d’énergie, promène-toi ensuite dans les ruelles autour de la place Iroon. Tu y trouveras des bars à vin, des petites scènes musicales et ce mélange typique d’Athènes : le contemporain collé à l’antique, la légèreté au milieu des ruines.



Jour 4 : Athènes, ville éternelle

Commence cette dernière journée par une ascension vers le mont Lycabette, le point culminant d’Athènes, à 277 mètres d’altitude. Si tu es matinal, l’idéal est de monter au lever du soleil : la ville encore silencieuse, les toits baignés d’or et les premiers rayons éclairant doucement les marbres de l’Acropole. Un moment suspendu, presque irréel. Tu peux grimper à pied depuis la station Evangelismos (compte environ 30 minutes de montée via un sentier ombragé) ou opter pour le funiculaire (téléphérique souterrain) qui part de la rue Aristippou, dans le quartier de Kolonaki. Le billet aller-retour coûte 13 € et le funiculaire fonctionne toutes les 30 minutes dès 9h00. Au sommet, la petite chapelle blanche Saint-Georges veille sur la ville. À tes pieds, Athènes s’étend jusqu’à la mer, et par temps clair, tu peux apercevoir le Pirée, les îles du golfe Saronique et même le Péloponnèse au loin. C’est le lieu idéal pour prendre un café, faire quelques photos panoramiques ou simplement contempler la ville dans toute sa complexité.


Redescends ensuite vers Kolonaki, l’un des quartiers les plus raffinés d’Athènes. Son nom signifie "petite colonne", en référence à un vestige antique toujours visible sur la place centrale. Longtemps quartier résidentiel de l’élite athénienne, Kolonaki est aujourd’hui un mélange subtil de galeries d’art contemporain, de librairies spécialisées, de boutiques de créateurs et de cafés chics. Balade-toi dans ses rues arborées, notamment autour de la rue Skoufa ou de la rue Patriarhou Ioakeim. Tu peux y faire une pause dans l’un des établissements emblématiques comme Da Capo, café mythique où philosophes et journalistes se mêlent aux habitants. L’atmosphère y est feutrée, élégante, avec un petit parfum de nostalgie bourgeoise.


Vue sur Athènes depuis le Mont Lycabette | Priscilia K. | 2025
Vue sur Athènes depuis le Mont Lycabette | Priscilia K. | 2025

Pour le déjeuner, je te recommande Filippou, une institution discrète fondée en 1923, connue pour sa cuisine grecque sans fioritures : keftedes fondantes, pastitsio généreux, légumes farcis.


Consacre ton après-midi à la visite du Musée archéologique national, situé dans un bâtiment néoclassique du XIXe siècle, au nord du centre-ville. C’est le plus grand musée de Grèce et l’un des plus importants au monde pour l’art antique. Il abrite une collection impressionnante qui couvre toute l’histoire du monde grec, de la préhistoire à l’époque romaine.


Parmi les trésors à ne pas manquer :

  • Le masque d’Agamemnon, découvert à Mycènes par Heinrich Schliemann : un masque funéraire en or datant du XVIe siècle av. J.-C.

  • Les statues de bronze du Poseidon (ou Zeus ?) et du Cavalier d’Artémision, toutes deux saisissantes par leur mouvement figé dans le métal.

  • Les fresques d’Akrotiri, magnifiques vestiges de la civilisation cycladique, retrouvés à Santorin sous les cendres du volcan.

  • La fameuse machine d’Anticythère, un calculateur astronomique du IIe siècle av. J.-C., considéré comme le tout premier ordinateur analogique connu.


Le musée est ouvert tous les jours, de 8h00 à 20h00 en été, sauf le mardi. Prévois au minimum deux heures de visite. Réserve ton billet en ligne sur le site officiel : www.namuseum.gr.


Pour conclure ton séjour, retourne dans le quartier animé de Monastiraki, au pied de l’Acropole. Ce quartier, entre bazar oriental et piazza méditerranéenne, est le lieu parfait pour une dernière balade. Les petites boutiques de la rue Pandrossou regorgent de céramiques, de bijoux grecs, d’éponges naturelles ou de sandales en cuir faites à la main. Tu y trouveras aussi la mosquée Tzistarakis, vestige ottoman, et les ruines de la bibliothèque d’Hadrien, juste à côté de la station de métro. C’est un espace où toutes les couches d’Athènes coexistent : grecque, romaine, byzantine, ottomane, contemporaine. Installe-toi en fin d’après-midi sur un rooftop avec vue. Le bar A for Athens, juste au-dessus de la place Monastiraki, offre un panorama exceptionnel sur l’Acropole illuminée. C’est l’endroit idéal pour trinquer à ton séjour avec un verre de vin blanc grec ou un cocktail maison.



Conseils pratiques pour un week-end serein à Athènes

Avant de partir, voici tout ce que tu dois savoir pour préparer ton propre séjour à Athènes, sans stress, ni fausse note. Fais preuve d’un peu d’organisation, beaucoup de spontanéité… et quelques bonnes adresses glanées au fil de mon voyage.


Un appartement comme à la maison, dans un quartier plein de vie

J’ai choisi de poser mes valises à Koukaki, un quartier encore préservé de l’agitation touristique, situé juste en dessous de l’Acropole. Dès les premières heures, j’ai su que j’avais fait le bon choix. Ici, les rues sont bordées d’orangers, les passants te saluent et les terrasses débordent de conversations animées dès la fin de l’après-midi. J’ai réservé un appartement lumineux avec une petite terrasse intérieure, parfait pour commencer la journée en douceur. L’accueil de mon hôte, Vaso, a été exemplaire : discrète mais attentive, elle m’a transmis de précieuses recommandations dès mon arrivée. Le calme de l’immeuble, l’agencement fonctionnel de l’espace et l’atmosphère chaleureuse m’ont permis de me sentir tout de suite chez moi. Ce petit cocon, à quelques minutes à pied du musée de l’Acropole, a été une base idéale pour explorer la ville.


Athènes se découvre mieux en marchant. Les ruelles de Pláka, les escaliers d’Anafiotika, les places ombragées de Monastiraki… tout invite à ralentir. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, la ville est relativement compacte. En logeant dans le centre, tu peux facilement rejoindre tous les lieux d’intérêt à pied. Pour les trajets un peu plus longs, le métro athénien est une excellente option. Les stations sont propres, les trains fréquents, et le réseau très intuitif. La ligne 3, qui relie l’aéroport au centre, est particulièrement pratique. Il suffit d’acheter un billet à l’unité ou une carte 24h si tu prévois plusieurs déplacements dans la même journée.


Athènes a beau être une ville spontanée, quelques réservations s’imposent pour éviter les déceptions. Je te recommande de réserver à l’avance ton billet pour l’Acropole, surtout si tu voyages au printemps ou en été. Le créneau du matin reste le meilleur pour profiter du calme et de la lumière. Le Musée de l’Acropole peut se visiter sans réservation.


On vient à Athènes pour son patrimoine, c’est vrai. Mais on y reste pour son ambiance unique, à la fois chaleureuse et profondément humaine. Pour mieux l’appréhender, prends le temps de t’asseoir dans un café sans regarder l’heure, de discuter avec les commerçants, d’observer les rituels simples du quotidien : l’homme âgé qui lit son journal devant son café frappé, l’enfant qui joue sur le trottoir, les jeunes artistes qui improvisent un concert en fin de journée.


Quelques conseils en vrac que j’aurais aimé lire avant de partir :

  • Emporte de bonnes chaussures : les pavés antiques glissent, surtout autour de l’Acropole.

  • Le dimanche matin, l’accès à certains sites est gratuit pour tous les visiteurs européens. Renseigne-toi sur le site du ministère de la Culture grecque.

  • Les Grecs dînent tard, souvent après 21h. Tu peux donc facilement trouver un restaurant encore animé même à 23h.

  • Ne sois pas surpris si le service est lent dans certaines tavernes : ce n’est pas de la négligence, juste une autre notion du temps.

  • Les Athéniens sont bavards et bienveillants : un sourire et quelques mots suffisent à entamer une vraie conversation.



Athènes, une ville à vivre … pleinement !

Athènes n’est pas une ville de façade. Elle ne cherche pas à te séduire par la perfection de ses cartes postales, ni par la mise en scène de son passé glorieux. Elle t’accueille telle qu’elle est : vivante et solaire, faite de contrastes et de continuités, de vestiges grandioses et de gestes ordinaires.


Tu y viens pour voir l’Acropole, c’est vrai. Mais tu y restes pour les odeurs de jasmin dans Pláka, pour le vieux monsieur qui t’explique la différence entre l’ouzo et le raki, pour la terrasse qui s’illumine au moment où la ville s’endort. Tu y apprends que le passé n’est jamais figé : il se réinvente chaque jour.


En quatre jours, tu n’auras pas tout vu. Et tant mieux. Athènes a besoin d’être vécue. Et même si tu repars, une partie de toi restera là, sur une terrasse ombragée, face à la lumière blanche des Cyclades qui vient lécher les murs de la ville.


🗨️ Et toi, qu’est-ce qui t’a le plus touché à Athènes ? Laisse un commentaire pour partager ton moment préféré !


[Mise à jour en avril 2025]

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