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Riquewihr et Ribeauvillé : escapade au cœur de l’Alsace médiévale

  • Lavoyageusebruchoise
  • 18 mai
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 mai

Ce week-end, je n’ai pas eu besoin d’aller bien loin pour souffler un peu. J’ai pris la route, direction les vignes alsaciennes, avec en tête deux villages que tant de voyageurs aiment découvrir : Riquewihr et Ribeauvillé. Juste une journée, glissée entre deux parenthèses, mais elle a suffi à me faire décrocher du tumulte quotidien.


L’Alsace a ce pouvoir-là. Entre nature et histoire, elle superpose les époques avec douceur, sans jamais les confondre. D’une enseigne en fer forgé à un sentier forestier, d’un mur moussu à un clocher médiéval, elle invite à ralentir et à observer. Et parfois, tout s’accorde : une lumière dorée sur les toits ou une ruelle vide qui semble attendre ton arrivée - même dans les villages les plus prisés. C’est dans ces instants suspendus que je me sens le mieux.


Alors suis-moi dans cette escapade d’une journée, pour (re)découvrir deux perles médiévales au cœur de l’Alsace viticole.



Visiter Riquewihr et Ribeauvillé, le cœur battant de l’Alsace


Riquewihr, l’enclave protestante des Wurtemberg

De grand matin, Riquewihr m’a accueillie avec ses toits pointus et ses façades colorées, comme un décor de théâtre qu’on aurait laissé là, intact, depuis plusieurs siècles. Mais derrière le charme, il y a une histoire étonnante. Ce village a appartenu aux comtes de Wurtemberg à partir de 1324, et cette empreinte protestante, dans une région majoritairement catholique, a modelé son organisation. Peu de clochers mais une forte présence civile. Ici, on lit l’histoire dans la manière dont les rues s’articulent et dont les bâtiments se dressent.


La prospérité est vite arrivée grâce au vin. Dès le XIVe siècle, le riesling local voyageait déjà vers le nord de l’Europe. En flânant au cœur de l’artère principale du village, j’ai remarqué les maisons hautes, étroites, avec ces greniers à pignons qu’on utilisait pour sécher les raisins. Certaines portent encore le nom des négociants, gravé discrètement dans la pierre.


Pour entrer davantage au cœur du l’histoire du petit bourg, j’ai poussé la porte du Dolder, cette tour défensive construite en 1291. Haute de 25 mètres, elle protégeait l’accès principal au village. Sa façade tournée vers l’extérieur est massive, presque austère, tandis que celle côté village est décorée de colombages, comme pour rappeler qu’on entre ici dans un espace civilisé. Le petit musée qu’elle abrite retrace la vie quotidienne des habitants à travers des armes anciennes, des outils et des objets domestiques. Au pied de la tour, la fontaine de la Sinne rappelle que le vin ne partait pas sans être goûté. Autrefois, c’était ici qu’on testait les crus avant de les vendre.


Et un peu plus loin, la Tour des Voleurs, autrefois prison municipale, m’a offert un aperçu plus rugueux de la vie d’autrefois avec sa salle de torture. Le bâtiment date du XIIIe siècle et servait autant à incarcérer les voleurs qu’à rendre une justice spectaculaire. La salle d'interrogatoire et les cellules conservées témoignent d’une époque où l’ordre public passait par la dissuasion et parfois, malheureusement, par la délation.


Le billet d’entrée aux deux musées s’élève à 7€; c’est un excellent rapport qualité-prix et cela permet de contribuer à la sauvegarde du patrimoine local, une cause chère à mon cœur.


Vers midi, j’ai opté pour un déjeuner à L’Écurie, avec ses plats alsaciens servis dans une ancienne étable. Je te recommande cette adresse épicu-alsacienne 🙂 !



Ribeauvillé, fief des Ribeaupierre

Après le repas, Ribeauvillé m’a accueillie à son tour, plus étendue, plus brute aussi. La ville, mentionnée dès le VIIIe siècle, prend vraiment son essor au XIIe siècle sous l’impulsion de la puissante famille des Ribeaupierre. Leur pouvoir se voit encore aujourd’hui dans les monuments qui ponctuent la ville et les hauteurs environnantes.


J’ai démarré l’après-midi par la randonnée des Trois Châteaux, un itinéraire de 6,5 km aller-retour depuis le parking du Lutzelbach. Le sentier est bien balisé et traverse une forêt paisible avant de grimper vers les vestiges qui surplombent la plaine - et la vue est la plus belle d’Alsace, à mon sens. On marche entre les feuilles et les légendes, avec à chaque détour un nouveau panorama sur la Plaine d’Alsace et même la Foret Noire.


Le château Saint-Ulrich, construit dès le XIe siècle, était la résidence principale des seigneurs. On y entre par une porte en arc plein cintre qui mène à une vaste cour intérieure, flanquée de tours défensives et de bâtiments résidentiels. Les restes d’une chapelle gothique, encore visibles, montrent l’importance du lieu. Dans l’une des salles voûtées, on devine l’organisation des banquets ou des séances de justice. L’ensemble est impressionnant par son ampleur, mais aussi par la sérénité qui s’en dégage aujourd’hui. Mon coup de coeur : les vestiges des fenêtres d’où la vue devait être exceptionnelle.


Le château de Girsberg, construit un siècle plus tard par une branche cadette, est plus ramassé. Sa tour quadrangulaire et son chemin de ronde défensif surplombent un escarpement rocheux. Depuis ses ruines, la vue plongeante sur la plaine d’Alsace donne une idée précise des raisons de sa position stratégique. On y voit encore les bases des anciens logements et une citerne.



Quant au Haut-Ribeaupierre, il est le plus ancien et le plus mystérieux. Érigé sur un ancien oppidum, il a connu plusieurs phases de construction entre le XIe et le XIVe siècle. Longtemps utilisé comme tour de guet, il servit aussi de prison. La légende veut que John Harleston, chevalier anglais capturé durant la guerre de Cent Ans, y ait été retenu pendant plusieurs années. Aujourd’hui, les murs se confondent presque avec la végétation et l’on a l’étrange sensation d’avoir trouvé un lieu hors du temps.


Après cette balade, au sein de l’Alsace médiévale, il est temps de revenir doucement à la réalité. Dans la Grand’Rue de Ribeauvillé, les façades racontent encore leur âge d’or. Certaines maisons ont gardé leurs enseignes en fer, d’autres des fenêtres à meneaux. L’église Saint-Grégoire mérite un détour : on y trouve les sépultures des Ribeaupierre. Construite au XIIIe siècle puis remaniée, elle conserve une nef gothique et un orgue remarquable. À quelques pas de là, les anciennes halles et l’hôtel de ville rappellent que Ribeauvillé fut aussi un lieu d’administration et de commerce structuré.


J’ai terminé ma journée chez Gilg, salon de thé réputé. Leur tarte aux myrtilles est un petit miracle de simplicité. Et le kougelhopf - qui serait né à Ribeauvillé - a fait écho à tout ce que j’avais vécu depuis le matin … un moment moelleux dans une journée pleine de reliefs.



Conseils pratiques : explorer Riquewihr et Ribeauvillé

Pour profiter pleinement de cette journée, je te recommande d’arriver à Riquewihr avant 10h. C’est le moment où les ruelles respirent encore la quiétude du matin, où les détails se révèlent dans la lumière douce, sans le tumulte des visiteurs. L’après-midi, la randonnée des Trois Châteaux te demandera de bonnes chaussures, un peu d’eau, et surtout du temps : tu auras envie de t’attarder, de souffler entre deux belvédères.


Si tu peux t’offrir une nuit sur place, fais-le. Les villages se transforment à la tombée du jour. Une chambre d’hôtes au calme, un dîner simple en terrasse, et au réveil, le village rien que pour toi. A mon sens, ce sont ces petits moments, hors programme, qui laissent les meilleurs souvenirs.


Et si cette escapade d’un jour te donne envie d’aller plus loin, voici quelques idées à portée de route :

  • Pour compléter ta découverte des châteaux alsaciens, le château du Haut-Koenigsbourg t’accueille tout près, dans une version reconstituée avec soin, sous la houlette du Kaiser Guillaume II. Une plongée dans l’imaginaire médiéval et un panorama exceptionnel sur la plaine garantis !

  • Envie de continuer sur la route des villages emblématiques ? Eguisheim et Kaysersberg sont deux étapes parfaites pour un week-end complet, entre maisons à colombages, ruelles fleuries et patrimoine médiéval, bien vivant.

  • Et pour un séjour un peu plus long, pourquoi ne pas pousser jusqu’à Sélestat ? Moins touristique mais tout aussi riche, cette ville regorge de trésors : bibliothèque humaniste, églises romanes et ambiance douce d’une ville qui fut à l’origine de la chasse aux sorcières.


Côté saison, j’ai une préférence pour le printemps ou l’automne. Les vignes se parent de jolies couleurs, les températures sont douces et les villages vivent à un rythme plus authentique. Si tu viens en hiver, tu découvriras les marchés de Noël, bien sûr, mais la foule de touristes peut devenir étouffante.


Enfin, n’hésite pas à discuter avec les artisans, les viticulteurs ou encore les habitants. C’est dans l’échange que le patrimoine devient vivant. Et si cette journée t’a plu, sache que d’autres villages voisins valent le détour : Hunawihr, Zellenberg, Bergheim… L’Alsace est généreuse avec celles et ceux qui prennent le temps de la découvrir.



Une journée, mille ans d’histoire

Je suis partie pour une simple escapade, et comme souvent en Alsace, j’ai reçu bien plus que ce que j’étais venue chercher. Riquewihr et Ribeauvillé ne se contentent pas d’être jolis. Ils racontent, à qui veut bien écouter, une histoire faite de châteaux vignes, d’exploitations viticoles d’excellences et d’artisanat de qualité. L’Alsace est un territoire vivant qui ne cherche pas à impressionner mais à se laisser découvrir. Ici, l’histoire est partout. Elle vit encore. Et c’est ça que j’ai envie de transmettre : pas seulement des lieux à visiter, mais une manière de les regarder, de les approcher avec respect.


En tant qu’Alsacienne, je me sens chanceuse de vivre au cœur de ce patrimoine. Et si je le partage ici, c’est parce que je crois profondément qu’il mérite mieux qu’un détour pressé. Tous ces villages ont une âme. Ils méritent qu’on s’y attarde ou qu’on y revienne — comme on murmure quelque chose de précieux.


Ce que j’espère, en racontant mon escapade, c’est te donner envie de les (re)découvrir ce jolis village à ton tour. Sans te presser, sans les survoler. L’Alsace est une terre généreuse, mais elle ne se dévoile vraiment qu’à ceux qui prennent le temps. Et quand elle le fait, c’est une vraie rencontre.


[Mise à jour : mai 2025]


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